Dans un rapport publié mardi 17 décembre, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) dresse une liste de 71 réponses pour affronter les défis du réchauffement climatique. Le rapport insiste sur les interconnections entre les différentes crises et recommande une approche globale pour répondre aux enjeux climatiques. Il dévoile notamment l’imbrication de cinq « éléments » : la perte de la biodiversité, la disponibilité et la qualité de l’eau, l’insécurité alimentaire, les risques sanitaires et le changement climatique, rapporte RFI. L’IPBES, surnommé le « GIEC de la biodiversité » est un organisme intergouvernemental indépendant composé de près de 147 gouvernements membres. Il propose 71 « options de réponse » aux crises mais en ayant une approche globale, soulignant que « le danger est réel que nous résolvions une crise en aggravant les autres ».

Fabrice DeClerck, spécialiste des systèmes alimentaires et agricoles au niveau international et l’un des auteurs du rapport, cite une initiative qui a fonctionné. Il s’agit du plan d’alimentation durable de Paris. La ville a mis en œuvre 47 millions d’euros pour une transition agro-écologique dans le bassin parisien et cette initiative doit aussi limiter l’utilisation d’eau. L’investissement a un impact sur le climat, sur l’alimentation, sur les producteurs. « Nous reconnaissons ici une stratégie qui améliore la santé humaine, le climat, l’eau et qui crée un plus grand espace pour la biodiversité pour le paysage agricole », développe-t-il. Une autre réponse mise en avant est la restauration des écosystèmes afin qu’ils séquestrent le carbone, mais aussi pour qu’ils évitent l’érosion de la biodiversité. Ainsi, au Sénégal, la restauration d’écosystèmes de mangroves a permis à la fois d’améliorer « l’alimentation locale […], la prévention de l’érosion côtière, la santé des populations et la fertilité des sols en milieu humide », explique Diana Mangalagiu, enseignante à Oxford et Sciences Po Paris, spécialiste de la gouvernance dans le développement durable.

Le lien entre climat et alimentation est montré

Le rapport de l’IPBES rappelle qu’il est urgent d’agir, puisque la biodiversité a décliné de 2% à 6% par décennie depuis au moins 30 à 50 ans, indique Reporterre. En 2021, 42 % de la population mondiale n’avait pas accès à une alimentation saine. Les chercheurs soulignent que le lien entre climat et alimentation est emblématique. En effet, 21% à 37% des émissions totales de gaz à effet de serre sont attribuables au système alimentaire mondial. Dans le même temps, le changement climatique va affecter la production agricole en raison des événements climatiques extrêmes et de l’accentuation des stress sur les ressources en eau. Toutes les crises sont liées puisque le changement climatique et les pratiques agricoles contribuent au déclin de la biodiversité. « Ce que montre ce rapport, c’est que des solutions concrètes, déjà existantes, sont disponibles », insiste Fabrice DeClerck. « Notre espoir, c’est que les acteurs de chacun de ces secteurs prennent conscience qu’en adaptant leur action, cela sera bénéfique pour eux, mais aussi pour tous les autres domaines du rapport », conclut-il.