La guerre déclenchée par le président russe contre l’Ukraine nous fait prendre conscience que la violence armée est proche de nous. La violence armée n’est cependant pas la seule violence qui devrait nous alerter sur les risques d’une vie pacifique en danger. C’est une violence insidieuse et rampante, qui fait également de nombreuses victimes, contre laquelle nous devrions combattre : la violence du déni d’humanité.

Les exemples de ce déni d’humanité sont flagrants lorsqu’ils sont médiatisés. C’est le cas des images de la répression de révoltes civiles. Les populations revendiquent des droits qui nous semblent légitimes mais les pouvoirs dominants et autoritaires refusent de les entendre. C’est le cas aussi pour les faits divers, lorsque les conjoints tuent leur partenaire qu’ils ont réduit à l’état d’objet de soumission.

Ces exemples sont extrêmes et violents et ils disent bien ce déni d’humanité. Mais, pour la plupart, ils nous paraissent loin de notre vie ordinaire, ou nous les tenons à distance. Là où le danger nous guette, hors de tous ces drames, c’est lorsque nous-même nous nous laissons polluer par les discours qui s’appuient sur les mêmes ressorts de déni d’humanité. Le curseur pour mesurer la gravité des paroles et des gestes semble se déplacer et nous rendre insensibles à ce qui est pourtant intolérable.

Si nous laissons la peur nous dominer, nous risquons de nous éloigner des Paroles d’Évangile qui, elles, recentrent sans cesse sur la valeur de chaque être humain devant Dieu.

Alors, contre la peur et contre les dérapages, nous avons toujours besoin d’être évangélisés et de réentendre les Paroles qui redisent la valeur de chacun·e. Dès que nous commençons à ressentir du mépris ou de l’irritation contre quelqu’un.e , repensons aux injonctions du Christ : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent » (Mt 5,44).

Par cette injonction, le Christ aide chacun·e de nous à rester soi-même humain, pour ne pas tomber dans la violence et le déni d’humanité envers les autres.

Par Anne-Marie Feillens, présidente du conseil régional de l’EPUdF en Sud-Ouest