Jamais auparavant au Canada un tel montant d’indemnisation n’avait été atteint. Mardi 24 octobre, la justice canadienne a approuvé un accord d’indemnisation d’un montant de 23,4 milliards de dollars (soit 15,8 milliards d’euros). L’enveloppe permettra de dédommager des autochtones victimes de discrimination par le système de protection de l’enfance, ainsi que leurs proches, rapporte BFMTV. Un sous-financement, par le gouvernement canadien, des services publics dont bénéficiaient les enfants autochtones par rapport à ceux destinés aux enfants non autochtones est à l’origine de ce litige au retentissement mondial.
Au Canada, les petits autochtones représentent à peine 8 % des enfants de moins de 14 ans. Une part qui grimpait à plus de 50 % parmi les jeunes placés dans le système de protection de l’enfance, selon un recensement datant de 2016.
Une procédure en cours depuis 2007
Il aura fallu de longues années de procédure pour que la Cour fédérale approuve un accord permettant de réparer le préjudice subi par près de 300 000 enfants autochtones et leur famille. “Je pense à toutes les victimes et j’attends avec impatience de voir le soutien offert à tous […]”, a réagi sur X (anciennement Twitter) Cindy Blackstock. En 2007, elle avait déposé une plainte devant le Tribunal canadien des droits de la personne, afin de dénoncer la discrimination raciale contre les enfants autochtones.
Si bien qu’en plus de la compensation, le règlement prévoit des investissements à hauteur de 20 milliards (13,75 milliards d’euros) pour réformer le système, précise une porte-parole du gouvernement canadien. Soulignant que “rien ne peut compenser le préjudice et la douleur causés, une compensation est essentielle”, Patty Hajdu, la ministre des Services aux peuples autochtones a néanmoins assuré que la décision de la Cour fédérale faisait du mardi 24 octobre un jour “historique pour le Canada”.
Un “génocide culturel”
Et la ministre d’assurer que la contribution des organisations autochtones dans le dossier participera à faire progresser le Canada “sur le chemin de la réconciliation”. En effet, depuis le printemps 2021, plus de 1 000 tombes anonymes ont été retrouvées sur les sites d’ex-pensionnats catholiques pour les enfants autochtones. Une mise au jour rappelant un sombre chapitre de l’histoire du pays et sa politique d’assimilation forcée. Cette dernière est d’ailleurs considérée, depuis 2015, comme un “génocide culturel”. À partir de la fin du XIXe siècle aux années 1990, près de 150 000 enfants autochtones ont été envoyés de force dans 139 pensionnats aujourd’hui fermés. L’objectif de ce placement ? Les couper de leur famille, de leur langue, mais aussi de leur culture.