De narcotrafic à narcoterrorisme, il n’y a qu’un pas. En désignant le Venezuela comme un narco-État, Donald Trump a ouvert la voie à des attaques directes contre le pays d’Amérique latine, sous le feu des sanctions étasuniennes depuis 2017. Mardi 16 décembre, le locataire de la Maison-Blanche a encore gravi une marche en imposant un « blocus total » contre les pétroliers du pays. « Aujourd’hui, j’ordonne un blocus total et complet de tous les pétroliers sanctionnés entrant et sortant du Venezuela », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social. Depuis septembre, le pays à la bannière étoilée a abattu illégalement plus d’une vingtaine de bateaux au large du Venezuela sous le prétexte qu’ils appartiendraient à des cartels de drogue.
Tout comme pour la guerre en Irak, les commentateurs du média trumpiste Fox News accusent le Venezuela de transporter des « armes de destruction massive », ces dernières étant, selon les défenseurs de Donald Trump, les cargaisons de drogue comme le fentanyl. Or, le pays dirigé par Nicolas Maduro ne produit pas de fentanyl et n’est qu’un point de passage extrêmement mineur de la drogue vers les États-Unis, comme en témoigne Yoletty Bracho, diplômée de science politique à l’Université d’Avignon auprès de France Culture. À l’heure où les tensions orchestrées par Donald Trump sont au plus haut, tout semble en place pour une confrontation directe entre les deux pays.
Un « blocus naval militaire au Venezuela dans le but de voler les richesses » du pays ?
Selon le président des États-Unis, le Venezuela utiliserait le pétrole pour financer « le narcoterrorisme, la traite d’êtres humains, les meurtres et les enlèvements ». Pour l’heure, aucune preuve n’a été apportée par la Maison-Blanche pour justifier ces affirmations. Dans un communiqué de presse, le gouvernement vénézuélien a indiqué : « Le président des États-Unis tente d’imposer de manière absolument irrationnelle un prétendu blocus naval militaire au Venezuela dans le but de voler les richesses qui appartiennent à notre patrie », rapporte BFMTV. Donnant raison à Nicolas Maduro, Donald Trump a indiqué que le déploiement américain « ne fera que s’accroître, et le choc qu’ils subiront sera sans précédent – jusqu’à ce qu’ils rendent aux États-Unis d’Amérique le pétrole, les terres et les autres actifs qu’ils nous ont précédemment volés ».
La semaine du 8 décembre, les forces américaines ont saisi un pétrolier vénézuélien à destination de Cuba en mer des Caraïbes. Transportant entre un et deux millions de barils de pétrole brut pour une valeur de 50 à 100 millions de dollars, le navire a été saisi. Caracas avait dénoncé « un acte de piraterie maritime » quand les États-Unis justifient de leur côté l’arraisonnement du pétrolier pour ses liens présumés avec les Gardiens de la Révolution iranienne. Au sein même du pays de l’Oncle Sam, suite aux nombreuses frappes étasuniennes contre des embarcations au large du Venezuela, de nombreux élus, dont des Républicains, ne cachent pas leurs critiques. Le sénateur démocrate Chris Murphy a affirmé sur CNN que « républicains comme démocrates en viennent à la conclusion qu’il s’agissait d’un acte illégal et profondément immoral », rapporte France Info.

