Il y a d’abord eu des menaces, l’heure est désormais à leur exécution. Gabriel Attal a annoncé un tour de vis dans l’octroi des visas aux ressortissants des trois pays traditionnels du Maghreb. La nouvelle est tombée mardi 28 septembre sur Europe 1. Emmanuel Macron veut réduire de moitié le nombre de visas délivrés aux Algériens et aux Marocains. Les Tunisiens seront 30% de moins qu’en 2020, année retenue pour servir de référence, à en obtenir un. Alors que depuis une semaine les tensions s’intensifient entre la France et l’Algérie, le président français a déclaré sur France Inter souhaiter un apaisement. “J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien, et j’entretiens des relations vraiment cordiales avec le président Tebboune. Mais nous avons enclenché un travail, avec le rapport que nous avons demandé à Benjamin Stora (…), avec la jeunesse française et franco-algérienne, et je continuerai ce travail”, a détaillé Emmanuel Macron, mardi 5 octobre. Et d’ajouter qu’en France, il y a “trop de compatriotes dont l’histoire est mêlée à l’Algérie pour faire comme si de rien n’était.” Aussi, il invite a “embrasser cette histoire, d’essayer de reconnaître toutes ces mémoires et de leur permettre de cohabiter”.
Pour autant, le président de la République n’entend pas revenir sur sa décision. “En 2018, nous avons adopté la loi Asile et immigration (…) Et le frein à cette efficacité et aux reconduites effectives, c’est le fait que des pays refusent les laissez-passer consulaires. À partir de là, on a eu un dialogue avec certains pays du Maghreb, puis des menaces. Et aujourd’hui on met ces menaces à exécution”, a rappelé Gabriel Attal la semaine dernière. Il a ensuite souligné que dans le cas de l’Algérie, si la justice française a ordonné 7 731 obligations de quitter le territoire français, seuls 22 ressortissants algériens sont repartis outre-Méditerranée, soit un peu plus de 0.2%. “C’est une décision drastique et inédite mais rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne pouvons pas garder en France.”
“Protestation formelle”
La mesure, qui devrait être effective dès les prochaines semaines selon la radio, a d’emblée tendu les relations franco-algériennes. L’exécutif algérien a dénoncé, dès le mercredi 29 septembre “une décision unilatérale du gouvernement français”. Dans la foulée, l’ambassadeur de France à Alger a été convoqué, rapporte franceinfo. Le ministère de l’Intérieur a déclaré avoir notifié à François Gouyette “une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France”.
Samedi 2 octobre, c’est son ambassadeur à Paris que l’Algérie a rappelé pour “consultations”, indique Le Parisien. Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, a motivé son rappel par son “rejet de toute ingérence dans ses affaires intérieures”. Il reproche, en effet, à Emmanuel Macron des propos relayés par Le Monde. Alors qu’il rencontrait des descendants de protagonistes de la guerre d’Algérie, le président français a déclaré qu’après son indépendance en 1962, l’Algérie s’est construite sur “une rente mémorielle”, entretenue par “le système politico-militaire”. Il a ensuite affirmé que le pays affichait “une histoire officielle”, selon lui, “totalement réécrite” qui “ne s’appuie pas sur des vérités” mais sur “un discours qui repose sur une haine de la France”.