Le risque pour une femme d’être excisée a été divisé par trois en vingt ans. Pourtant, les mutilations génitales féminines restent un fléau en Afrique. Alors, des hommes montent au créneau pour faire disparaître cette pratique, explique Le Monde. “Il faut cibler les hommes, car ce sont eux qui ont le pouvoir de décision, eux qui président aux cérémonies, même si ce sont les femmes qui font le geste”, commente Babacar Sy, travailleur social sénégalais. Pour lui, la situation peut se résumer de la sorte : “Tant que les hommes exigeront des femmes excisées, il y aura des femmes exciseuses et des mères pour les soutenir.”
Si la majorité des Africains se dit opposée à l’excision, la pratique résiste. Babacar Sy sensibilise depuis quinze ans les jeunes sur cette question et, de manière plus large, la santé sexuelle et reproductive. Son but : leur faire comprendre qu’il s’agit de “pratiques néfastes”. Informer est selon le travailleur social un bon moyen pour changer les choses. “La plupart du temps, c’est par ignorance que ces pratiques perdurent. Les jeunes filles ne savent pas pourquoi elles enchaînent les infections, les douleurs, avant même d’avoir commencé leur vie sexuelle”, décrit-il.
3 000 initiatives militantes masculines
“C’est d’avoir vu l’une de mes cousines excisées saigner beaucoup et tant souffrir qui m’a fait comprendre que cette pratique n’apportait rien à la femme, à part des ennuis”, raconte au Monde Brehima Ballo. Âgé de 48 ans, le Malien a fondé l’Association pour le suivi et l’orientation des pratiques traditionnelles (Amsopt). Avec l’ONG française EquiPop, l’Amsopt mène des programmes au Mali, mais également au Burkina Faso. “C’est durant mes études universitaires que je me suis intéressé à la santé sexuelle. J’ai compris que je voulais changer les choses. Lever les tabous dans les communautés. C’est un défi vraiment fort”, ajoute-t-il.
Babacar Sy et Brehima Ballo ne sont pas les seuls hommes à avoir évolué. Le programme conjoint du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) et de l’Unicef a soutenu plus de 3 000 initiatives militantes masculines depuis 2018 pour porter un plaidoyer de zéro tolérance. D’ailleurs, la majorité des hommes sont désormais opposés à l’excision, selon une étude de l’Unicef. Pourtant, celle-ci reste pratiquée sur tout le continent et tout particulièrement en Éthiopie, en Égypte et en Somalie. Dans ces trois pays, entre 85 % et 98 % des femmes ont subi une excision partielle ou totale du clitoris, des grandes lèvres voire une fibulation. Une pratique qui consiste à coudre entre elles les petites lèvres. Un combat de longue haleine est engagé et de réels progrès sont visibles.