Cela n’aura pas échappé aux consommateurs : le prix de certaines denrées alimentaires augmente fortement ces dernières années. Un constat documenté par une étude parue dans la revue Environmental Research Letters lundi 21 juillet et élaborée par des chercheurs issus du Barcelona Supercomputing Center, de l’Institut de Potsdam de recherche sur l’impact du climat en Allemagne, de la Banque centrale européenne (BCE) et de l’université d’Aberdeen en Grande-Bretagne, rapporte Le Monde.
« La hausse des prix des denrées alimentaires commence à jouer un rôle important dans la perception du public, désormais le deuxième impact le plus fréquemment cité du changement climatique à l’échelle mondiale, après la chaleur extrême elle-même », expliquent d’ailleurs les auteurs. À travers une compilation d’exemples, ces derniers font état des conséquences des phénomènes climatiques extrêmes, qu’il s’agisse de chaleurs extrêmes, de fortes pluies ou de sécheresse, sur le prix des denrées alimentaires. Outre le pouvoir d’achat sur l’alimentation, ces scientifiques envisagent plusieurs impacts, notamment sur la santé publique, la sécurité alimentaire mais également sur la société avec de possibles troubles politiques.
Cacao, café, fruits et légumes… Les exemples de hausses de prix se succèdent
Se basant sur « des rapports de médias nationaux et internationaux sur la flambée des prix alimentaires en réponse aux extrêmes climatiques dans un certain nombre de pays », les chercheurs illustrent leurs propos par divers exemples. Ils citent ainsi le cas de l’huile d’olive en Espagne. Le pays ibérique, qui détient 40 % de la production d’huile d’olive mondiale, avait été touché en 2022-2023 par une sécheresse inédite, entraînant « des hausses de prix de 50 % en glissement annuel dans l’ensemble de l’UE en janvier 2024 », note l’étude.
Dans le cas du cacao, son coût a augmenté de 300 % en avril 2024 par rapport à l’année précédente. En cause ? « Des températures mensuelles sans précédent » en février 2024 ainsi qu’une période de sécheresse au Ghana et en Côte d’Ivoire, qui produisent à eux deux 60 % du cacao mondial.
L’effet papillon du dérèglement climatique
Autre cas préoccupant : celui de la Californie, qui représente 40 % de la production de légumes aux États-Unis. L’État américain a subi une sécheresse sans précédent en 2022, provoquant une montée en flèche de 80 % des prix des légumes aux États-Unis la même année. Un fait qui semble inquiéter particulièrement les chercheurs. Ces derniers estiment en effet que la hausse des prix alimentaires pourrait causer des problèmes de sécurité alimentaire mais aussi de santé publique. Face à la hausse des prix, les ménages les plus modestes pourraient se tourner vers la privation de certaines denrées pourtant essentielles au maintien d’une bonne santé physique ou vers des produits moins chers mais aussi moins nutritifs, pouvant à terme causer des maladies chroniques telles que le diabète.
Autre conséquence : la hausse des prix alimentaires pourrait provoquer une augmentation de l’inflation globale. « Il s’agit d’un risque particulièrement important pour les économies en développement, où le poids des prix des denrées alimentaires dans l’inflation globale est beaucoup plus important », ajoutent les auteurs de l’étude. Les flambées de prix des denrées pourraient également être un élément déclencheur de troubles politiques. « Des preuves anecdotiques de toute l’histoire citent souvent les augmentations des prix alimentaires comme un précurseur de troubles politiques et de bouleversements sociaux ». Plus largement, « des taux d’inflation élevés peuvent modifier directement les résultats des élections dans les démocraties modernes », préviennent les chercheurs.
Face à ces exemples qui « mettent en évidence les risques sociétaux persistants posés par les impacts d’un changement climatique non maîtrisé sur le système alimentaire », ceux-ci appellent à « adopter des politiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à limiter le réchauffement climatique, conformément aux objectifs convenus à l’échelle mondiale. » Ils conseillent plus précisément de favoriser les productions locales et de constituer des réserves à l’échelle nationale afin d’éviter de trop grandes variations de prix dans l’alimentation, détaille La Croix.