Des émeutes contre des immigrés ont secoué la ville de Torre-Pacheco, dans le sud-est de l’Espagne. Dix personnes ont été interpellées depuis le vendredi 11 juillet, a annoncé lundi la déléguée du gouvernement central dans la région de Murcie, Mariola Guevara. Ces violences sont consécutives à l’agression, survenue mercredi 9 juillet, d’un retraité par trois jeunes. Parmi les dix personnes interpellées, trois l’ont été dans le cadre de cette agression. Mariola Guevara avait déjà fait état de l’interpellation de deux « immigrés » qui n’habitaient pas à Torre-Pacheco, a rapporté Le Monde. Une troisième personne a été interpellée au Pays basque alors qu’elle se dirigeait vers la France, a précisé cette même source lundi soir.

Les sept autres personnes interpellées, un citoyen marocain et six Espagnols, ont été arrêtés pour leur participation aux affrontements qui ont suivi cette première agression. Ils sont poursuivis pour des délits de « troubles à l’ordre public », « haine » et « blessures volontaires ». La déléguée du gouvernement a aussi indiqué que près de 80 personnes avaient été identifiées pour leur participation à ces altercations. Parmi elles, plusieurs avaient déjà des antécédents pour des faits de violence et la « majorité ne sont pas de Torre-Pacheco », a-t-elle assuré. L’agression en pleine rue, mercredi 9 juillet, d’un habitant de 68 ans, appelé Domingo, a provoqué ces émeutes. L’homme a témoigné auprès de médias espagnols, le visage tuméfié, disant avoir été agressé par trois jeunes d’origine nord-africaine, sans motif apparent.

Plusieurs nuits d’émeutes dans la commune

L’agression a été filmée et a poussé plusieurs mouvements d’extrême droite à cibler des personnes d’origine nord-africaine dans les rues de Torre-Pacheco. Malgré la présence des forces de l’ordre, de violents affrontements ont eu lieu. Courrier international a décrit une escalade des tensions, avec des « bagarres à coups de pierres et de bouteilles, de coups de couteau et de dommages aux véhicules ». Les affrontements ont opposé des habitants de Torre-Pacheco, pour la plupart d’origine marocaine, à des groupes extrémistes étrangers à la ville. Les émeutes ont commencé dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 juillet, à la suite d’un rassemblement organisé par la mairie qui devait être pacifique, mais qui a dégénéré. Ces événements se sont reproduits dans la soirée de samedi, malgré une présence policière accrue. Les autorités ont été contraintes de demander le déploiement de la police antiémeute de Valence.

José Ángel Antelo, responsable régional du parti d’extrême droite Vox, était présent à une manifestation de Torre-Pacheco samedi soir. Après avoir lié insécurité et immigration, il a incité les habitants à se défendre. « Nous ne voulons pas de ces gens-là dans nos rues ni dans notre pays. Nous allons tous les expulser : il n’en restera pas un seul », a-t-il déclaré. De son côté, le maire de la commune, Pedro Angel Roca, élu du Parti populaire (droite), a assuré que la situation avait été « maîtrisée » dimanche 13 juillet au soir grâce à la présence policière. Il a indiqué que 30% des 40 000 habitants de la ville sont des immigrés, principalement d’origine marocaine, et qui travaillent en grande majorité dans les exploitations agricoles. Cela en fait une des communes comptant la plus forte population étrangère de la région. « Ce sont des gens qui vivent dans la ville depuis plus de vingt ans », a ajouté le maire. Il a demandé une présence policière renforcée tout au long de l’année, ainsi que l’interdiction pour les groupes d’extrême droite de se regrouper dans la ville.