Le 4 août 2020 se produisait une déflagration d’une ampleur jusqu’ici presque jamais connue pour une explosion non nucléaire, raflant le port de Beyrouth et touchant plusieurs quartiers de la capitale libanaise. L’accident avait été causé par un incendie dans un entrepôt du port dans lequel étaient stockées des tonnes de nitrate d’ammonium. Utilisé comme engrais, il est également un puissant agent explosif, comme l’indique le Muséum national d’Histoire naturelle sur son site. Ces substances étaient entreposées sans précautions et en dépit des avertissements donnés par les autorités, rappelle TV5 Monde.

Au total, l’explosion avait provoqué la mort de 220 personnes et fait 6 500 blessés. Cinq ans plus tard, jour pour jour, l’enquête sur la cause de l’explosion n’a toujours pas abouti malgré les demandes répétées de la société libanaise.

Joseph Aoun promet que la lumière sera faite

Le président libanais, Joseph Aoun, a promis dans un communiqué relayé par l’AFP que justice serait faite sur les causes de l’explosion. « Nous travaillons par tous les moyens disponibles pour garantir que les enquêtes soient menées avec transparence et intégrité », a indiqué le chef d’État qui se dit « engagé à dévoiler toute la vérité, peu importent les obstacles ou les positions élevées impliquées ».

Depuis l’ouverture de l’enquête en 2020, juges et magistrats semblent avoir rencontré de nombreux obstacles sur leur chemin vers la vérité. En août 2020, un premier juge, Fadi Sawan, est chargé du dossier. Il décide d’inculper plusieurs anciens ministres, ce qui lui vaut d’être finalement écarté de l’enquête en février 2021, raconte L’Orient-le Jour.

Celle-ci est alors reprise par un juge estimé intègre, Tarek Bitar. Le magistrat sous pression du Hezbollah et du mouvement Amal depuis 2021, voit finalement son travail interrompu par la décision du procureur général, Ghassan Oweidat, de libérer les prévenus détenus dans le cadre de l’enquête.

Une enquête qui piétine

Après l’élection de Joseph Aoun, Tarek Bitar a finalement pu reprendre ses investigations. Il a ainsi pu procéder à l’interrogatoire de plusieurs personnes. Le juge attend cependant les réponses de plusieurs pays arabes et européens dans le cadre de demandes d’informations adressées en juillet, indique l’AFP.
Toutefois, cinq ans après l’explosion, « l’enquête est toujours bloquée, aucun procès n’a été ouvert, aucune condamnation prononcée », déplore L’Orient-le-Jour. « Nous ne demandons rien de plus que la vérité. Nous n’arrêterons pas tant que nous n’aurons pas obtenu une justice globale », a martelé Mariana Fodoulian, membre de l’association des familles des victimes, auprès de l’AFP.

La France dit soutenir les autorités libanaises « dans ce travail de vérité et de justice », indique lundi 4 août le site France Diplomatie. « L’enquête ouverte par la justice libanaise doit pouvoir être menée à son terme, en toute indépendance », insiste le Quai d’Orsay qui salue également « l’adoption récente par le parlement libanais d’un projet de loi qui doit contribuer à l’indépendance de la justice libanaise. »