Soufiane Chinig a grandi à Salé, métropole de près d’un million d’habitants qui fait face à Rabat, capitale du Maroc. Dans cette ville à l’urbanisation anarchique, graffeur·e·s et streetartistes s’en donnent à cœur joie. Soufiane Chinig connaît bon nombre d’acteurs de cette scène. Il est lui-même promoteur de l’héritage culturel marocain et fin observateur des évolutions de la planification urbaine, ainsi que de la sociologie de certains quartiers et bidonvilles. Sur les murs du Maroc ou de la Jordanie – deux monarchies qui n’ont pas été renversées et qui tirent leur légitimité de leur prétendue descendance du prophète Muhammad – il observe des reconfigurations sociales récentes, notamment religieuses.
Quels liens voyez-vous entre street-art et religion?
Par définition, le street art est vu comme une culture populaire, laïque et séculière, née en Europe et aux Etats-Unis. On l’a toujours vu comme séparé des cultures locales, considérées comme «islamiques» dans les pays arabes. En réalité, cette pratique est très ancienne, y compris dans les […]