Le monde des médias de nouveau frappé par la tragédie. Des frappes israéliennes dirigées sur l’hôpital Nasser de Khan Younès à Gaza ont fait une vingtaine de victimes, dont cinq journalistes, dénombre la défense civile palestinienne sur place.
Dans le détail, l’hôpital aurait été touché à deux reprises : une première fois par un drone explosif, puis par un bombardement aérien, indique le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, relate France24.
Parmi les victimes, les cinq journalistes tués travaillaient pour des médias reconnus internationalement tels que Al Jazeera, Reuters ou AP. Les faits surviennent alors que des journalistes de la chaîne qatarie Al Jazeera avaient été abattus le 10 août dernier par l’armée israélienne et qu’un autre professionnel a été tué samedi dernier au nord de la bande de Gaza alors qu’il filmait une distribution de nourriture, rapporte Reporters sans frontières (RSF).
Qui étaient les cinq journalistes tués ?
La chaîne de télévision Al Jazeera déplore la perte de son photojournaliste, Mohammad Salama. Celui-ci « prévoyait de se marier avec sa collègue journaliste palestinienne, Hala Asfour, dans l’espoir de célébrer leurs noces après un cessez-le-feu », indique la chaîne dans un article.
L’agence de presse canado-britannique, Reuters, indique être « dévastée d’apprendre le décès de Hossam al-Masri, collaborateur de Reuters, et les blessures infligées à un autre de nos collaborateurs, Hatem Khaled, lors des frappes israéliennes contre l’hôpital Nasser », relate France24.
Une collaboratrice d’Associated Press (AP) a également été abattue : Mariam Abu Dagga, une photojournaliste travaillant en freelance pour le compte de l’agence américaine. Deux autres journalistes, Moaz Abou Taha et Ahmad Abou Aziz, ont également été tués lors des frappes menées par Israël.
Selon le Syndicat des journalistes palestiniens, un sixième reporter, Hassan Douhan, aurait été tué par des tirs israéliens à Al-Mawassi lundi, rapporte Le Monde.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a déploré « un accident tragique » dans un communiqué paru lundi, assurant par ailleurs qu’« Israël attache de l’importance au travail des journalistes, de même qu’au personnel médical et à tous les civils ». Plus tôt dans la journée, Tsahal a reconnu avoir mené une frappe sur l’hôpital de Khan Younès tout en indiquant ne pas cibler « les journalistes en tant que tels. »
Environ 200 journalistes tués depuis le début du conflit
Une déclaration à laquelle AP et Reuters ont vivement réagi dans une lettre adressée aux responsables israéliens. Les deux agences de presse y exigent « des explications claires sur les frappes aériennes qui ont touché l’hôpital Nasser de Khan Younès le 25 août 2025, tuant plusieurs journalistes ». Face à l’annonce de l’ouverture d’une enquête par l’armée israélienne sur les frappes menées lundi, les auteurs ont remis en question « la volonté et la capacité de l’armée israélienne à enquêter sur elle-même lors d’incidents passés », celles-ci ayant « rarement donné lieu à des éclaircissements et à des actions concrètes ». Un manque de transparence « qui soulève de sérieuses questions, notamment celle de savoir si Israël cible délibérément les retransmissions en direct afin de supprimer l’information », écrivent AP et Reuters.
De son côté, RSF « condamne avec la plus grande fermeté le meurtre » des journalistes et demande « une réunion d’urgence du Conseil de sécurité [de l’ONU] pour que cette résolution soit enfin respectée et que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes, protéger les journalistes palestiniens et ouvrir l’accès à l’enclave pour tous les reporters », a indiqué Thibaut Bruttin, directeur général de l’ONG dans un communiqué.
Depuis hier, les indignations de la part des médias, associations de défense de la liberté de la presse mais également de responsables politiques se succèdent. Emmanuel Macron a blâmé des frappes « intolérables » sur son compte X. « Les civils et les journalistes doivent être protégés en toute circonstance. Les médias doivent pouvoir exercer leur mission de façon libre et indépendante pour couvrir la réalité du conflit », a-t-il poursuivi.
RSF rappelle que « depuis octobre 2023, plus de 200 journalistes ont été tués par l’armée israélienne, dont au moins 56 en raison de leur travail ».