Un cri d’alarme. « Sans intervention immédiate, les derniers reporters de Gaza vont mourir » de faim, alerte la Société des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) dans un communiqué publié lundi 21 juillet. « Depuis que l’AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim », déplore la SDJ.
En réaction, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en visite à Kiev, a demandé que « la presse libre et indépendante puisse accéder à Gaza pour montrer ce qu’il se passe dans le territoire en danger de famine après 21 mois de guerre », relate France 24, alors que la presse internationale y est interdite d’entrée depuis deux ans. « Nous avons l’espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines », a également affirmé le ministre au micro de France Inter.
« Nous refusons de les voir mourir »
Depuis de nombreux mois, l’Agence France-Presse travaille « avec une pigiste texte, trois photographes et six pigistes vidéo dans la Bande de Gaza depuis le départ de ses journalistes staff courant 2024 », explique la SDJ. Or, ces reporters sont aujourd’hui menacés par la faim. Une situation insoutenable, dénonce l’AFP.
L’agence relate le témoignage de Bashar, collaborateur depuis une dizaine d’années en tant que fixeur puis photographe. Celui-ci a exprimé dans un message posté sur Facebook le 19 juillet ne plus avoir « la force de travailler pour des médias. Mon corps est maigre et je ne peux plus travailler. » Ce Gazaoui vit dans « les ruines de sa maison avec sa mère, ses quatre frères et sœurs », dont l’un d’eux est déjà « tombé, à cause de la faim », relate le communiqué.
« Nous risquons d’apprendre leur mort à tout moment et cela nous est insupportable », se désole la SDJ qui n’a plus la possibilité de les aider. Bien que les journalistes sur place « reçoivent un salaire mensuel de l’AFP, il n’y a rien à acheter ou alors à des prix totalement exorbitants ».
« Depuis quelques jours, nous avons compris de leurs brefs messages que leur vie ne tenait pas à grand-chose et que leur courage, consacré depuis de longs mois à informer le monde entier, ne les aidera pas à survivre », poursuit le texte.
Selon l’ONG Reporters sans frontières, « plus de 200 journalistes ont été tués par l’armée israélienne depuis octobre 2023, dont au moins 46 dans l’exercice de leur fonction ».