Si les bilans humains non vérifiables fournis par les autorités palestiniennes sont à prendre avec des pincettes, ce qui est sûr, c’est que les frappes israéliennes se poursuivent à Rafah, dans le Sud de la bande de Gaza, malgré la contestation internationale. La ville est le théâtre d’une opération militaire depuis le début du mois de mai, rappelle BFMTV. Alors que la Maison-Blanche s’est dite « bouleversée », lundi, après qu’une frappe israélienne a causé la mort d’au moins 45 personnes et fait près de 250 blessés dans un camp de déplacés, d’après les chiffres du ministère de la Santé du Hamas. Le lendemain, la Défense civile de Gaza a annoncé qu’une autre frappe avait causé la mort de 21 personnes dans un camp de déplacés, dans l’Ouest de la ville. L’armée israélienne s’est quant à elle fendue d’un communiqué dans lequel elle a démenti avoir « frappé la zone humanitaire à Al-Mawasi ».
Selon plusieurs témoins, l’armée israélienne aurait également déployé des tanks dans le centre-ville de Rafah, où la vie quotidienne est devenue quasi impossible. « Rafah est devenue l’enfer sur Terre », a expliqué Philippe Lazzarini, le patron de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (également objet de controverses ces derniers mois), lundi.
« Manque d’eau et de nourriture »
Depuis le début du conflit, en réponse aux attaques meurtrières du Hamas du 7 octobre 2023, plusieurs centaines de milliers de familles habitant à Gaza avaient trouvé refuge à Rafah. Depuis le début de l’offensive terrestre du mois de mai, les Gazaouis quittent Rafah en masse. Selon les chiffres de l’UNRWA, environ un million de personnes ont fui Rafah au cours des trois semaines écoulées. « Cela s’est produit alors qu’il n’y avait aucun endroit sûr où aller et au milieu des bombardements, du manque de nourriture et d’eau, des piles de déchets et des conditions de vie inadaptées », a commenté l’UNRWA sur X (ex-Twitter).
Des journalistes de la radio américaine NPR décrivent des scènes de fuite. Ils racontent comment des familles s’en vont sur des routes boueuses, avec des remorques, remplies de couvertures ou de bouteilles de gaz, tirées par des ânes. Ceux qui restent dans la ville n’ont généralement pas d’autre choix. Faute de salaires, ils n’ont plus assez d’argent pour fuir. Aya Kafarna, une infirmière, est installée dans une école de Rafah abandonnée. Elle a déjà été déplacée six fois en huit mois. « Je n’ai pas les moyens d’évacuer une nouvelle fois. J’ai besoin d’un conteneur pour mettre mes affaires dedans, j’ai besoin d’au moins 1 800 shekels (environ 450 euros) », explique-t-elle à la radio.
Des évacuations médicales stoppées
Pour les malades et les blessés, la situation est également plus compliquée. Selon le ministère de la Santé du Hamas, il ne reste qu’un hôpital fonctionnel à Rafah, contre cinq auparavant. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’un tiers seulement des établissements situés dans la bande de Gaza est encore partiellement fonctionnel. Et tous souffrent d’un manque d’équipements, de carburant et de nourriture.
Mardi, l’OMS a également déploré le fait que les évacuations médicales aient été complètement arrêtées dans toute la bande de Gaza depuis le début des bombardements israéliens sur Rafah. Si bien que plus de personnes risquent de mourir dans l’attente de soins, alerte Margaret Harris, porte-parole de l’OMS.