Lundi 28 octobre, le Parlement israélien a voté une loi pour interdire les activités de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) en Israël, dans un contexte de guerre au Proche-Orient. L’agence a été créée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1949, après la première guerre israélo-arabe, alors que plus de 700 000 Palestiniens sont sans terre, après avoir été expulsés ou après avoir fui les combats, rappelle BFM TV. L’UNRWA a alors pour mission de fournir une assistance humanitaire et une protection aux réfugiés palestiniens. Elle s’occupe des centres de santé et des écoles à Gaza et en Cisjordanie. En 2024, 5,9 millions de Palestiniens sont enregistrés auprès de cette agence de l’ONU et 540 000 enfants étudient dans ses écoles.

Par 92 voix contre 10, la Knesset a approuvé, lundi 28 octobre, un projet de loi pour interdire les activités de l’UNRWA en Israël. Le texte prévoit qu’elle « n’opérera aucune mission, ne fournira aucun service et n’exercera aucune activité, directement ou indirectement, ​​sur le territoire souverain de l’État d’Israël. » Cette décision a été prise après qu’Israël a accusé des membres de l’UNRWA d’avoir pris part aux attaques terroristes du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. L’un des coauteurs du texte, le député Boaz Bismuth, a argué que « ce n’est pas une agence d’aide pour les réfugiés, c’est une agence d’aide pour le Hamas », rapporte franceinfo. De son côté, la directrice de la communication de l’UNRWA, Juliette Touma, rappelle que l’agence « est la plus grande organisation humanitaire à Gaza et la principale responsable de la réponse humanitaire, notamment en matière d’abris, de nourriture et de soins de santé de base ».

« Pas d’alternative à l’UNRWA »

Le projet de loi interdit à l’UNRWA d’opérer à Jérusalem-Est, où elle travaille particulièrement dans le camp de réfugiés de Shuafat, dans lequel elle fournit de nombreux services aux résidents. L’organisation a déjà annoncé qu’elle ferait de son mieux pour que ses activités se poursuivent. Dans une lettre adressée au président de l’Assemblée générale de l’ONU, Philippe Lazzarini, commissaire général de l’agence, a souligné que sans l’UNRWA, 660 000 enfants ne recevraient aucune éducation, en l’absence d’administration publique ou d’État. « Une génération entière d’enfants serait sacrifiée, avec des risques à long terme de marginalisation et d’extrémisme », alerte-t-il.

Les réactions internationales ont condamné le projet de loi du Parlement israélien. Ainsi, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit « profondément préoccupé » et a rappelé le travail « indispensable » de l’agence. « L’UNRWA est le principal moyen de fournir une assistance essentielle aux réfugiés de Palestine dans les territoires palestiniens occupés. Il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA », a-t-il assuré. Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères a, lui aussi, apporté son soutien à l’agence. Il note que la mise en œuvre d’une telle loi aurait des conséquences catastrophiques sur la situation humanitaire à Gaza et dans l’ensemble des territoires palestiniens occupés. La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a dénoncé dans un communiqué que cette loi « est une attaque directe contre les droits des réfugiés palestiniens ». « Il s’agit d’une criminalisation de l’aide humanitaire, qui ne va faire qu’aggraver la crise humanitaire déjà catastrophique », alerte-t-elle.