Cela fait bien longtemps que dans la famille d’Imed Mohamed, on ne mange plus qu’une fois par jour. L’instituteur, comme les autres fonctionnaires soudanais a perçu son dernier salaire au mois de mars. Depuis, plus rien, explique Médias 24. Seuls les militaires sont encore rémunérés. Une nouvelle guerre a éclaté 15 avril dernier. Dès les premiers coups de feu entendus, les banques ont fermé dans les 18 états du Soudan. Les bombardements ont endommagé les réseaux électriques, de communication, mais aussi les lignes téléphoniques. Si bien que les agences ne peuvent plus communiquer avec les sièges installés dans la capitale.
L’enseignant raconte avoir guetté, en vain, un virement sur son compte bancaire chaque mois. Au nombre d’un million, selon un recensement non officiel, les fonctionnaires sont dans une situation catastrophique. “Ils ne peuvent plus nourrir leur famille, mais, en plus, ils ne peuvent pas fuir les zones de combat faute d’argent”, décrit Ammar Youssef, chef de file des instituteurs. Depuis le début du conflit, les prix du carburant ont bondi. Multipliés par vingt, ils ont fait grimper en flèche le coût des transports, désormais inaccessibles pour de nombreuses familles soudanaises.
La faute du ministre de l’Économie
“Ceux que la guerre ne va pas tuer vont mourir de faim”, craint Ammar Youssef. Un avis partagé par l’Onu, qui craint une famine”. D’autant qu’avec de petits salaires avant le début de la guerre, les instituteurs n’ont guère eu l’occasion d’épargner. Alors, au début du mois de juillet, l’espoir est revenu lorsque la Banque centrale a dit avoir rétabli le fonctionnement de ses antennes dans la plupart des États, écrit le média marocain. Pourtant, la guerre épargne 15 d’entre eux. Ce qui fait dire à l’économiste Mohammed al-Nayer, que le ministre de l’Économie est l’unique responsable de la retenue des salaires.
Déjà parmi les pays les plus pauvres du monde, le Soudan pourrait s’enfoncer plus encore dans la misère, selon le spécialiste. Pour éviter le pire, des syndicats retroussent leurs manches pour que les fonctionnaires touchent enfin leur dû.