C’est une attaque que la Russie ne devrait pas oublier de sitôt, alors que l’Ukraine a mis en œuvre son opération « Toile d’araignée » visant à frapper l’aviation russe en bombardant à l’aide de drones quatre aérodromes militaires simultanément le dimanche 1er juin, rapporte 20 Minutes. Cette attaque surprise a ainsi été couronnée d’un franc succès après dix-huit mois d’une préparation minutieuse et malgré la distance – qui a pu atteindre 4 300 kilomètres – depuis laquelle ces frappes ont été réalisées. Ce ne sont pas moins de 117 drones qui ont été mobilisés pour l’opération à la portée la plus longue jamais menée par l’Ukraine de Volodymyr Zelensky. Les appareils visés par l’armée ukrainienne servaient à bombarder les villes ukrainiennes depuis maintenant trois ans.

Des dégâts moins importants que ceux annoncés par l’Ukraine

Les services de sécurité ukrainiens se targuent d’avoir abattu quarante et un engins, des dégâts donc non négligeables et un coup important porté à l’aviation russe. Les résultats de l’opération « Toile d’araignée » seraient pourtant bien moins importants qu’annoncés par les Ukrainiens. Ceux qui ont pu être confirmés à l’heure où nous écrivons ces lignes ne parlent de la destruction que d’une dizaine de bombardiers stratégiques à long rayon d’action, dont quatre Tupolev Tu-22M et six Tupolev Tu-92. Deux autres appareils auraient seulement été endommagés.

L’historien militaire et stratégiste Benoist Bihan, ancien rédacteur en chef adjoint du magazine Défense et Sécurité internationale (DSI), juge lui aussi que « le bilan est restreint ». Ni le visage du front, ni le rapport de force ne seront modifiés par l’opération, quel que soit son succès, notamment parce que les avions mis en pièces n’avaient pas vocation à être utilisés sur le champ de bataille.

Un succès malgré tout pour les Ukrainiens

D’après l’Ukraine, les frappes de drones du dimanche 1er juin auraient causé sept milliards de dollars de dégâts à l’armée russe, montrant que l’opération « Toile d’araignée » reste une réussite malgré tout, relève Le Monde sur YouTube. Si les informations ukrainiennes sur le nombre d’engins mis hors d’état de fonctionner se trouvaient vérifiées, cela représenterait une destruction de 40% de la force de bombardements à disposition de la Russie à l’heure actuelle. Même si ce n’était pas le cas, les chiffres pour l’instant avérés en représentent tout de même 10%.

Pour le consultant en risques internationaux Stéphane Audrand, « c’est un coup dur et d’autant plus humiliant que ces forces de bombardements stratégiques sont un peu les joyaux de la couronne ». Des joyaux qui ne sont d’ailleurs plus en production pour la plupart et donc difficilement remplaçables rapidement par le pays de Vladimir Poutine. « Les Tu-95 sont de très vieux appareils qui datent de la guerre froide. Mais ce sont des appareils qui participent toujours aux campagnes de frappe. Ce qui fait l’importance de ces destructions, c’est la rareté. Ces appareils ne sont plus produits depuis longtemps et donc toute destruction de ces appareils réduit d’autant le potentiel russe. […] Leur remplacement coûtera cher », confirme Yohann Michel, de l’Institut d’Etudes de Stratégie et de Défense (IESD).