Déjà perquisitionné depuis le début de la guerre contre la Russie, le célèbre monastère de la laure des Grottes, à Kiev, pourrait bientôt ne plus compter de moines. Les autorités ukrainiennes projettent de résilier le bail des moines de l’Église orthodoxe historiquement liée au patriarcat de Moscou, explique Sud Ouest. Dans une vidéo rendue publique lundi 13 mars, le métropolite Pavlo Lebid fait savoir : “Nous n’avons aucune intention de déménager.” Pourtant, des témoins racontent que de nombreux véhicules ont quitté les lieux, mardi.

Selon un moine, ils transportaient des objets volumineux au cas où “quelque chose d’inexplicable se produirait”. Si l’expulsion est inévitable, alors, “nous sommes prêts. Voilà pourquoi les choses les plus lourdes sont retirées”. Et d’ajouter que la plupart des affaires appartenant à la communauté sont toujours dans le monastère. “Nous restons nous-même […] et nous tiendrons. Beaucoup de pères, de moines, n’ont tout simplement pas d’autre endroit que la laure. C’est notre maison. Et pour nous, cette décision était un coup de tonnerre”, décrit le moine.

Kirill a soutenu l’invasion

Érigé au XIe siècle et classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le monastère la laure de Kiev accueille des moines de la branche de l’Église orthodoxe ukrainienne. Bien avant le début de la guerre, elle dépendait déjà du patriarcat de Moscou. En mai, celle-ci a cependant annoncé la rupture de ses liens avec la Russie, après que le patriarche russe, Kirill, a soutenu l’invasion de l’Ukraine. Une rupture que Kiev n’a pas reconnue. Pour le gouvernement, c’est sûr : l’Église orthodoxe ukrainienne reste, dans les faits, dépendante de Moscou.

D’ailleurs, lundi 13 mars, le porte-parole du Kremlin a apporté son soutien aux moines, estimant “inadmissible” la décision des autorités ukrainiennes. Quant au patriarche russe, Kirill, il a condamné dès samedi via son service de presse, la “pression étatique” sur cette partie de l’Église orthodoxe en Ukraine.

Crainte de manipulations

Du côté ukrainien, précise Sud Ouest, on explique l’annonce de la résiliation du bail – qui permettait à cette Église de louer gratuitement une partie du monastère – par des “violations dans l’utilisation de biens d’État” par l’Église. “Nous ne permettons pas que l’État terroriste [russe, NDLR] préserve des moyens de manipuler la spiritualité de notre peuple”, a déclaré le ministre ukrainien de la Culture, Oleksandre Tkatchenko.