Ce mardi 19 novembre 2024 marque le millième jour de la guerre en Ukraine. Débuté en février 2022, le conflit est plus que jamais sur un point de bascule. La récente annonce de l’envoi de missiles américains à longue portée à l’Ukraine est une première depuis le début du conflit. Pour autant, l’ajout de cette nouvelle option à l’arsenal de défense ukrainien « ne va pas changer le cours de cette guerre ou le rapport de force existant », selon Jérôme Pellistrandi, ancien général et directeur de la Revue Défense Nationale.

Dans un entretien à La Dépêche, il détaille les caractéristiques de ces missiles à longue portée ATACMS (Army Tactical Missile System) : « Ces missiles ont une portée de 300 km. Ils ne vont pas être tirés depuis la ligne de front, exactement, mais plutôt 10 à 20 km à l’arrière pour qu’ils soient eux-mêmes protégés ». L’expert précise que les cibles visées « seront purement militaires » et devraient toucher des stocks de munitions ou des quartiers généraux, afin de ralentir la progression russe.

Une bouée de secours pour l’Ukraine ?

Malgré son arrivée tardive, l’envoi et la réception de ces missiles sera sans nul doute vécu comme un soulagement pour l’armée ukrainienne. L’intensité et la durée du conflit, qui fêtera ses trois ans le 24 février prochain, épuisent les soldats qui ne cessent de perdre du terrain. Selon Les Échos, l’Ukraine perdrait environ 100 kilomètres carrés de terrain par semaine depuis la fin de l’été. Si la situation se poursuit sur cette lancée, Moscou pourrait reconquérir la région du Donbass d’ici fin 2025.

L’issue de la guerre peut-elle se jouer grâce aux ATACMS ? Sans doute pas. Leur utilisation sur le sol russe entraînera une réponse similaire aux frappes du 17 novembre dernier. Pour Jérôme Pellistrandi, ces actions montrent que « Vladimir Poutine est dans une logique de punition de l’Ukraine. Les frappes sur les infrastructures ne devraient donc pas ralentir ». Enfin, l’utilisation des missiles à longue portée a bien évidemment une portée politique. D’une part, cette livraison a été validée par l’administration Biden, à quelques semaines de laisser sa place à Donald Trump. D’autre part, elle redonne aux États-Unis une part d’influence sur un conflit qu’ils pourraient être en mesure de régler, d’après le futur locataire de la Maison-Blanche.