L’ordre constitutionnel sera a priori rétabli dans “trente-neuf mois”, soit un peu plus de trois années. C’est ce qu’a annoncé, samedi 30 avril au soir, à la télévision nationale, le colonel Mamady Doumbouya, huit mois après le coup d’État contre Alpha Condé en Guinée, rapporte RFI. “Je ne décide pas seul, j’agis avec tout le monde. C’est pourquoi, il y a eu successivement les journées nationales de concertation, les assises nationales et maintenant le cadre de concertation et de dialogue, qui viennent de rendre leurs conclusions provisoires”, a déclaré le chef de la junte, cité par RFI.
“C’est le lieu pour moi de remercier tous ceux qui ont contribué à la réussite de ces différents travaux. Chaque Guinéen a droit à la parole, l’avis de tout le monde compte. C’est la volonté de la majorité qui tranche les contradictions. Il ressort une proposition médiane d’une durée consensuelle de la transition de trente-neuf mois. Le CNRD [Comité national du rassemblement pour le développement, l’organe dirigeant de la junte, NDLR] et le gouvernement à leur tour soumettront au CNT [Conseil national de transition], qui tient lieu de Parlement, cette proposition qui est consécutive à de larges et patientes concertations”, a-t-il poursuivi.
“Inadmissible, inconcevable et inacceptable”
Dimanche, la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), qui réclamait une durée de transition bien plus courte, n’avait pas encore réagi. Déjà, elle avait accordé un délai supplémentaire aux autorités guinéennes pour présenter leur calendrier de transition, la date butoir étant initialement fixée au 25 avril. Sidya Touré, ancien Premier ministre de la Guinée et président de l’Union des forces républicaines, (UFR), juge ce délai inacceptable et appelle la Cédéao à rétablir un cadre de négociation avec les militaires au pouvoir.
“Je suis vraiment très surpris de me rendre compte que l’on a donné une date aussi éloignée. Il faut la rajouter aux huit mois écoulés. Cela veut dire que nous allons vers quarante-sept mois. C’est donc plus de quatre ans de transition. C’est tout simplement inacceptable. […] Nous allons nous concerter au niveau des partis politiques mais également de la société civile et redemander un cadre de dialogue consensuel avec un représentant de la Cédéao”, explique-t-il au micro de RFI.
Idem, pour le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Sa coordination nationale, citée par Le Monde, estime que la proposition de la junte est “inadmissible, inconcevable et inacceptable” et qu’elle “ne repose sur aucun fondement juridique”. Et d’ajouter qu’elle “exige la mise en place d’un cadre de dialogue inclusif sous la supervision de la communauté internationale”.