Les Abricots, Grand Gosier, Croix des Bouquets, Marmelade, Dondon, Trou-Bonbon, Limonade, Saut-d’Eau-Ville-Bonheur… Ils ont de bien jolis noms, les villages haïtiens. « La perle des Antilles », disait-on : il paraît que les plages sont magnifiques, les paysages splendides, les sites historiques et culturels remarquables.

Il paraît… mais le Ministère français des Affaires étrangères est formel : le contexte sécuritaire en Haïti est très difficile, et il est recommandé de différer tout voyage. Criminalité, enlèvements, gangs armés violents gangrènent le pays, à quoi s’ajoutent corruption, instabilité gouvernementale, état sanitaire déplorable, crise économique, misère, système éducatif défaillant… Deux chiffres résument à eux seuls ce marasme : en 2015, plus de 500 000 touristes ont visité le pays, contre moins de 30 000 dix ans plus tard. Par comparaison, sa voisine la République dominicaine en accueille annuellement plus de 10 millions, qui contribuent à remplir les caisses de cet état.

S’il est dangereux d’entrer en Haïti, la situation rend aussi difficile à ses habitants d’en sortir autrement qu’en rêve. Le romancier Dany Laferrière, Haïtien membre de l’Académie française, dit que la plupart des Haïtiens ne connaissent que deux pays, Haïti et l’Au-delà, car les conditions de vie les incitent à vivre dans le rêve et la spiritualité. C’est peut-être ce qui leur donne leur force de résilience pour surmonter leur grande misère et leurs éternelles souffrances. Un dicton en créole haïtien résume bien cette résilience : […]