C’est la quatrième victoire d’affilée pour Viktor Orban. C’est aussi la plus éclatante, décrit Le Monde. Dimanche 3 avril, le Premier ministre nationaliste hongrois a largement remporté les législatives, écrasant une coalition inédite d’opposition. Cette dernière espérait pourtant le déloger après douze ans de pouvoir. “Le monde entier a pu voir qu’à Budapest le patriotisme a gagné. C’est notre message à l’Europe : nous ne sommes pas le passé, nous sommes l’avenir !” a lancé le dirigeant hongrois.
“Cette victoire, on va s’en souvenir, car nous n’avons jamais eu autant d’adversaires, entre notre gauche nationale, la gauche internationale, les bureaucrates de Bruxelles, [le milliardaire américain d’origine hongroise] George Soros, les médias internationaux et même le président ukrainien”, a-t-il ajouté, tout sourire. Proche du président russe Vladimir Poutine et accusé de ne pas assez dénoncer l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Viktor Orban n’en a nullement pâti.
Au contraire, écrit Le Monde. Il a remporté 53,19% des voix. Ce score s’avère nettement supérieur à ce que lui prédisaient les sondages. Ainsi, il conserve sa majorité des deux tiers au Parlement, ce qui lui permet de modifier la Constitution, chose qu’il a déjà réalisé par le passé pour entériner les reculs de l’État de droit, note le quotidien. Pourtant, six partis d’opposition, allant de la gauche à une formation issue de l’extrême droite, s’étaient ralliés dans l’espoir de renverser le dirigeant nationaliste. “Je suis dévasté comme tout le monde, nous ne nous attendions pas à un tel résultat (34,95% des voix)”, a déclaré Peter Marki-Zay, le leader de l’opposition.
“Calomnier l’opposition”
Comment expliquer le succès d’Orban ? “Cela tient d’abord au système électoral, taillé pour le parti au pouvoir. Ensuite le paysage médiatique est très déséquilibré : le clan de Viktor Orban contrôle les médias publics et près de 500 médias privés. Il a investi douze millions d’euros dans la publicité, y compris sur les réseaux sociaux. L’opposition a eu du mal à faire entendre son message”, rapporte la correspondante de RFI à Budapest, Florence La Bruyère.
Par ailleurs, relate le site de RFI, la guerre en Ukraine a servi de catalyseur. “Le parti d’Orban n’a cessé de calomnier l’opposition, l’accusant de vouloir envoyer des Hongrois combattre en Ukraine, tandis que Viktor Orban se posait en apôtre de la paix.” “Ces élections signent la fin de tous les projets de battre Orban de façon démocratique”, estime le juriste et historien Péter Techet, cité par Le Figaro. D’après lui, Viktor Orban ne cherchera pas à s’en prendre aux institutions démocratiques, dont sa légitimité dépend au niveau européen. En revanche, il pourrait s’attaquer à l’indépendance de la justice : “La justice est indépendante et les juges sont un vrai problème pour Viktor Orban”.