Une fois de plus l’Amérique WASP* a frappé et une fois de plus l’Amérique de Luther King, de Malcom X, d’Angela Davis et des frères de Soledad est dans la rue. Allons-nous vers un nouveau long hot summer (long été chaud) comme en 1967, où les villes américaines et leurs ghettos noirs s’embrasaient, deux ans après les émeutes de Watts ? Allons-nous revoir les émeutes de 1992 ? Une fois de plus l’Amérique des pionniers fait face à sa part sombre et maudite. Et il ne suffit pas de mettre un genou à terre… Flics américains, lâchez les armes, déposez les armes ! Afin que le rêve de Martin Luther King s’accomplisse, il ne suffit pas de mettre un genou à terre !

Voici ma première réaction, à chaud, dans les jours suivant le meurtre de George Floyd. Depuis la tension n’est pas retombée, les exactions de la police américaine se sont multipliées. Un homme noir a reçu sept balles dans le dos devant ses enfants, des milices blanches surarmées paradent dans de nombreuses villes américaines. Le long hot summer, une nouvelle fois, est le quotidien des quartiers noirs.

Le péché originel des États-Unis

Après le fantastique espoir soulevé par le mouvement des droits civiques dans les années 60, l’avancée symbolique qu’avait été l’élection d’un président noir, les USA semblent incapables de rompre avec leur «péché» originel, l’exclusion d’une partie de sa population dans la construction du Nouveau Monde… La montée en puissance de la principale puissance capitaliste s’est aussi réalisée par la surexploitation, d’abord par l’esclavage puis par la ségrégation, des Noirs américains.

Et nous ne pouvons que constater, malheureusement, que la description de Max Weber du protestantisme comme esprit du capitalisme a pris là un tour particulièrement cruel et grinçant. Où vont les USA ? La menace d’une nouvelle guerre civile ne peut être exclue, dans un retour du refoulé particulièrement violent. Et King et Malcom X feraient mieux de s’entendre en amont cette fois-ci…

En France aussi

Nouveauté issue de la mondialisation capitaliste, le « problème noir » a pris, à cette occasion, une ampleur planétaire, et à suscité des répliques, au sens quasi-sismique, dans de nombreux pays, dont la France. Avec évidemment des particularités, les Noirs de France étant les héritiers, eux, d’un passé colonial qui ne passe pas plutôt que d’une exclusion d’origine.

Mais étrangement, les débats semblent se rejoindre, avec les mêmes interrogations, parfois les mêmes écueils, par delà les années et au-delà des océans. Les demandes d’intégration sont les mêmes, l’appel aux valeurs essentielles des deux Révolutions (américaine et française) se font écho. Les « dérives » de certains courants des Black Panthers se retrouvent chez nos Indigènes de la République, qui n’hésitent pas à jouer des mêmes ambiguïtés inquiétantes.

Mais l’essentiel est ailleurs, il est dans ce soulèvement irrépressible des damnés de la Terre. Se terminera-t-il par une avancée pour toute l’humanité ou dans une régression sanglante ? Nul ne peut le dire à l’heure actuelle.

  • White anglo-saxon protestant. Blanc, anglo-saxon et protestant, caractéristiques des personnes ayant longtemps – et encore ? – Dominées la société américaine. Donc ni noire, ni latine, ni catholique, juive ou musulmane…