Toujours plus riches. Alors que le Forum économique mondial s’est ouvert lundi 17 janvier, l’ONG Oxfam a publié le même jour un rapport sur les inégalités mondiales estimant que, depuis le début de la pandémie, les milliardaires se sont énormément enrichis. Comme le souligne France Inter, qui cite l’ONG, en 19 mois de pandémie, la fortune des richissimes a davantage augmenté qu’au cours de la dernière décennie.
D’après Oxfam, la planète “compte un nouveau milliardaire toutes les 26 heures, alors que 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté.” De plus, “252 hommes se partagent aujourd’hui plus de richesses que le milliard de filles et de femmes vivant en Afrique, en Amérique latine et aux Caraïbes réunies.” “Une taxe exceptionnelle de 99% sur les revenus provenant de la pandémie des dix hommes les plus riches permettrait de produire assez de vaccins pour le monde, fournir une protection sociale et médicale universelle, financer l’adaptation au climat et réduire la violence liée au genre dans 80 pays”, prend en exemple l’ONG.
Concentration extrême des richesses
La France ne déroge pas à la règle. Selon l’ONG, “de mars 2020 à octobre 2021, les richesses des grandes fortunes françaises ont bondi de 86%, soit un gain de 236 milliards d’euros. À titre de comparaison, elles avaient augmenté de 231 milliards d’euros en 10 ans, entre 2009 et 2019.” Les cinq premières fortunes de France ont même “doublé leur richesse depuis le début de la pandémie : elles ont gagné 173 milliards d’euros. C’est près de ce que l’État a dépensé pour faire face au Covid-19 en un an.” Oxfam rapporte que ces cinq milliardaires possèdent désormais autant que les 40% les plus pauvres en France. Le PDG du groupe de luxe LVMH, Bernard Arnault, a vu sa fortune passer de 67 milliards d’euros en mars 2020 à 163 milliards, en octobre dernier.
Pour Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam France, cité par France Inter, “la pandémie a été une aubaine. S’ils se sont enrichis, ce n’est pas grâce à la main invisible du marché, ni par les choix stratégiques brillants, mais principalement en raison de l’argent public versé sans condition par les gouvernements et les banques centrales dont ils ont pu profiter grâce à une montée en flèche des cours des actions”. Et de noter que “cette concentration extrême des richesses est le résultat de choix politiques. Avec les 236 milliards supplémentaires engrangés en 19 mois par les milliardaires, on pourrait quadrupler le budget de l’hôpital public ou distribuer un chèque de 3.500 euros à chaque Français”.
Car, parallèlement, la crise a intensifié la pauvreté chez les plus précaires : “Sept millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire pour vivre, soit 10% de la population française, et quatre millions de personnes supplémentaires sont en situation de vulnérabilité à cause de la crise”, déplore Oxfam. Quentin Parrinello avance que “les choix politiques d’Emmanuel Macron depuis cinq ans ont provoqué une sécession des plus riches et accablé les plus fragiles avec la baisse des APL, la réforme de l’assurance chômage, les coupes dans les budgets de l’hôpital public, dans l’éducation.”