Sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos où des jeunes font tomber le turban de la tête des mollahs sont devenues virales, rapporte La Croix. Un geste qui exprime la colère du peuple, de la jeunesse surtout, vis-à-vis de l’institution. Une colère exacerbée depuis le mouvement de révolté déclenché par la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre. Si, dans les rangs des manifestants, il n’y a, semble-t-il, pas de mollahs, certains au sein du clergé chiite ont critiqué la répression de la contestation. 

Répression

Le peuple a le droit de critiquer les dirigeants de la société musulmane, que la critique soit justifiée ou non”, a déclaré, fin octobre, l’ayatollah Javad Alavi-Boroujerdi, cité par Sud-Ouest. Ce dignitaire âgé de 68 ans est le petit-fils du grand ayatollah Hossein Boroujerdi, principale figure du clergé chiite au XXe siècle et dont l’imam Khomeyni fut d’ailleurs l’élève. “Certaines personnes ont été arrêtées et sont en prison, traitez-les avec bienveillance”, a-t-il ajouté. Le 26 septembre, le grand ayatollah Hossein Noori Hamedani, important religieux conservateur et ardent défenseur du guide suprême Ali Khamenei, avait également appelé les autorités à “écouter les demandes du peuple”. Et La Croix précise qu’un autre grand ayatollah, Asadollah Bayat-Zanjani, avait critiqué, dès la mort de Mahsa Amini, la police des mœurs et sa répression qu’il jugeait contraire à l’islam. 

Interrogée par le quotidien, Eva Zahiri, docteure en histoire de la pensée islamique contemporaine de l’École pratique des hautes études et enseignante à Sciences Po, estime cependant qu’il n’est pas évident d’affirmer que ces critiquent représentent le courant majoritaire au sein du clergé. Elle ajoute que “certains s’interrogent sur le régime lui-même : ses origines, ses fondements, son fonctionnement, dans une optique de réforme interne.” Mais, tempère La Croix, il n’y a pas de figure religieuse influente capable de faire face au régime. D’autant plus que, dans les rangs même des manifestants, une réforme de l’intérieur de la République islamique n’est pas jugée plausible.