C’est historique. Le Sinn Fein, parti nationaliste militant pour la réunion de l’Irlande du Nord (région britannique) et de la République d’Irlande, est arrivé, samedi 7 mai, en tête des élections législatives d’Irlande du Nord, rapporte France Info. Avec 29% des voix, il remporte ainsi 27 sièges sur 90 à l’Assemblée locale de Stormont. Le Parti unioniste démocrate (DUP), qui soutient la couronne britannique, autrement dit l’appartenance de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, perd trois sièges et en possède désormais 25.

Le parti centriste Alliance, qui ne se positionne pas sur la question de la réunification, est arrivé en troisième position : avec 17 sièges, il en double le nombre depuis les dernières élections qui se sont tenues en 2017.

Citée par TF1, la dirigeante du Sinn Fein en Irlande du Nord, Michelle O’Neill, 45 ans, a salué “un moment très important de changement” et l’avènement d’une “nouvelle ère”. “J’offrirai un leadership inclusif, qui célèbre la diversité, qui garantit les droits et l’égalité pour ceux qui ont été exclus, discriminés ou ignorés dans le passé”, a-t-elle déclaré. Cette victoire permet au parti nationaliste, ex-vitrine politique du groupe paramilitaire Armée républicaine irlandaise (IRA), de nommer une Première ministre locale pour la première fois en cent ans d’histoire d’une province où le Brexit a ravivé les tensions, écrit Le Figaro.

Le sujet de la réunification

Or, selon l’accord de paix du Vendredi saint conclu en 1998, après trois décennies d’affrontements meurtriers entre unionistes principalement protestants et républicains majoritairement catholiques en Irlande du Nord, le gouvernement doit être dirigé conjointement par les deux partis, poursuit le quotidien. Le 9 mai, le DUP a indiqué qu’il refusait de participer à la formation d’un gouvernement, en signe de protestation contre la frontière douanière mise en place entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne dans le cadre de l’accord du Brexit.

Ces résultats ouvrent-ils la voie à une réunification ? En Irlande du Nord, le Sinn Fein n’a pas fait campagne sur le sujet. Mais la présidente du parti, Mary Lou McDonald, a déclaré vendredi qu’elle pensait qu’un référendum sur la réunification de l’Irlande pourrait avoir lieu dans les cinq prochaines années.

Même si le Sinn Fein n’a pas fait campagne sur ce thème, la présidente du parti, Mary Lou McDonald, a déclaré le 6 mai qu’un référendum sur la réunification de l’Irlande était envisageable d’ici les cinq prochaines années. Quant aux spécialistes, ils sont prudents. C’est le ministre britannique chargé de la province, Brandon Lewis, qui doit techniquement lancer le processus de référendum, rappelle France Info, qui cite Fabrice Mourlon, professeur à la Sorbonne Nouvelle. “Il ne le fera que s’il sent qu’il y a une majorité. Or, selon les derniers sondages, autour de 30% de Nord-Irlandais sont favorables à une réunification”, précise-t-il. Auprès de France Info, Fabrice Mourlon ajoute : “La réunification se fera peut-être un jour, mais sans doute beaucoup plus naturellement que si les partis en font un sujet.