Le coup d’État au Niger est un tremblement de terre dans le paysage diplomatique occidental. Il perturbe les plans de la France, dont l’armée s’était repliée au Niger après les coups d’État successifs au Mali et au Burkina Faso. L’ex-opération Barkhane, qui visait à lutter contre les groupes djihadistes armés au Sahel, est à l’origine de la présence de 1 500 soldats français dans le pays, à ce jour, rappelle Le Parisien.
Cela fait maintenant un mois que le général Tiani a renversé le président Mohamed Bazoum, séquestré depuis avec sa famille. Le régime a lancé une réflexion pour réformer la Constitution et a prévenu la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qu’il se défendrait face à la menace d’une intervention armée.
Les putschistes nigériens accentuent aussi leur pression sur Paris. Samedi 26 août, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Niamey pour soutenir le nouveau régime. Ses membres s’en sont pris à la France, qu’ils accusent d’ingérence dans les pays africains, en ayant la main mise sur la Cedeao. Ils demandent ainsi le départ de ses 1 500 soldats.
Maintenir les soldats au Sahel
Mais l’Élysée cherche à défendre coûte que coûte la présence de la France, dans ce pays au cœur de son dispositif militaire en Afrique, comme l’analyse Le Monde. Selon le président, « La faiblesse que d’aucuns ont montrée à l’égard des putschs précédents a nourri des vocations régionales. Il y a une épidémie de putschs dans tout le Sahel ». La France espère ainsi le retour du président Bazoum au pouvoir et ne reconnaît pas le nouveau régime. Elle soutient une solution diplomatique ou militaire de la Cedeao.
Sylvain Itté, l’ambassadeur de France au Niger, a été sommé vendredi 25 août par la junte de quitter le pays. Il ne quittera pourtant pas son poste et a refusé de reconnaître le régime militaire en place.
Alors que la France montre son rejet face aux nouvelles autorités nigériennes, les États-Unis sont davantage en retrait, et ne parlent pas formellement de coup d’État, comme l’explique au Monde Elie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales.
Un pari dangereux ?
De son côté, Paris continue de parier que le régime pourrait chuter, notamment parce qu’un climat conflictuel règnerait au sein de la junte militaire. La suspension des partenariats militaires étrangers avec l’armée nigérienne est aussi un caillou dans la chaussure du régime, pour faire face aux djihadistes. Enfin, les militaires français sur place considèrent que leur base est suffisamment sécurisée et autosuffisante en cas de représailles.
Mais plus l’intervention militaire de la Cedeao se fait attendre, et plus la position de la France est difficile à tenir. Selon Le Monde, à Bruxelles, plusieurs pays considèrent qu’une intervention militaire dans la région serait risquée.
L’état-major des armées a retiré une quarantaine de soldats basés dans le nord du Niger pour protéger les personnels d’un site d’extraction d’uranium. La France peut-elle se maintenir contre la volonté des autorités du Niger ? Rien n’est moins sûr, à l’heure où le régime militaire s’installe.