Y a-t-il une vie extraterrestre dans le système solaire ? La mission Europa Clipper a pour but de vérifier cette possibilité. Lancée lundi 14 octobre par la Nasa, la sonde étudiera Europe, l’une des nombreuses lunes de Jupiter, après un long trajet de cinq ans et demi. En effet, sous sa surface gelée, l’astre abrite un océan d’eau liquide. Une spécificité qui fait dire à la communauté scientifique qu’elle est l’un des corps célestes du système solaire où la probabilité d’une vie extraterrestre est la plus grande, précise franceinfo.

Parmi les 95 satellites officiels que compte Jupiter, Europe fait partie des quatre principaux. Avec Io, Ganymède et Callisto, elle a été découverte en 1610 par Galilée. Par rapport à ces trois satellites, Europe a la particularité d’avoir une surface striée. Généralement, les corps célestes sont couverts de cratères plutôt que de sortes de gigantesques griffures repérées sur Europe. Le fait qu’il y ait peu de cratères « signifie que quelque chose se passe pour les effacer. Comme cela arrive sur Terre, où nous appelons ça géologie », explique Shawn Brooks, un scientifique de la mission.

Présence de « silicates »

Contacté par franceinfo, Olivier Grasset est spécialiste du système solaire et président du comité consultatif des sciences spatiales de l’Agence spatiale européenne. Il précise que « toutes les lunes galiléennes de Jupiter ont un océan caché sous leur surface« . Il se pourrait que celui d’Europe diffère des autres en raison de la présence de « silicates ». La composition d’Europe diffère nettement de celle de la Terre et de la Lune. Tout laisse penser que sous sa surface gelée se trouve un océan liquide en contact avec un épais manteau rocheux, derrière lequel se trouverait un noyau composé de roches et de métaux.

Selon la structure au fond de l’océan d’Europe, il est possible que la pression, la température et la chimie soient similaires à celles observées au fond de l’océan terrestre. Dans ce cas, il pourrait y avoir une vie sur la lune de Jupiter.

Un examen géologique approfondi

Flirtant avec les trois tonnes lorsque ses réservoirs sont vides, la sonde Clipper mesure près de cinq mètres de haut et 30,5 mètres de long, quand ses panneaux solaires sont déployés. Elle devrait réaliser 50 survols d’Europe, dont un à seulement 25 km de sa croûte, en déclenchant simultanément ses instruments (caméra, spectromètre, magnétomètre et radar). Cet examen géologique poussé vise à l’établissement d’un état des lieux le plus précis possible. « On est sur de l’observation géophysique, sur de la chimie standard », précise Olivier Grasset.

Partie en avril 2023, Juice, la sonde européenne, est elle aussi en route pour explorer les lunes glacées de Jupiter (dont Europe). Il est prévu qu’elle collabore avec Europa Clipper pendant un temps, afin de mieux connaître le champ magnétique de Jupiter. Celui-ci est jusqu’à vingt fois plus puissant que celui de la Terre, ce qui influe sur la façon dont il interagit avec ses satellites.

Des règles internationales de protection planétaire

Une fois sa mission accomplie, il est prévu qu’Europa Clipper soit volontairement crashée sur Ganymède. Le choc aurait pour effet de soulever un nuage de glace qui pourrait être scruté par Juice. Un tel scénario avec Europe n’est pas envisageable. Il existe des règles internationales de protection planétaire qui font que, dans la mesure où Europe pourrait abriter une forme de vie, et que l’on soupçonne l’existence de points de communication entre sa surface et un océan caché, les Terriens ont décidé de ne pas la contaminer. En revanche, la croûte de glace épaisse de Ganymède ne dispose pas de point de contact avec l’océan situé en dessous.