“En principe, il serait approprié de rendre le tabot éthiopien à l’Église éthiopienne.” C’est en ces termes que le porte-parole de l’abbaye de Westminster a fait savoir que l’édifice anglican était d’accord, “sur le principe”, pour rendre une tablette sacrée à l’Éthiopie. L’annonce repérée par BFMTV a été faite par le Guardian, lundi 19 février, confirmant une information publiée dans The Art Newspaper une semaine plus tôt. “Nous étudions actuellement la meilleure façon d’y parvenir et nous sommes en pourparlers avec des représentants de l’Église orthodoxe éthiopienne tewahedo, a ajouté le porte-parole. Il s’agit d’une question complexe, qui peut prendre un certain temps.”
La coutume veut qu’en Éthiopie toutes les églises disposent d’un tabot, une pièce plate en bois sur laquelle sont sculptés l’Arche d’alliance et les dix commandements. Quand elle est consacrée, la tablette ne peut être vue que par les membres du clergé, explique le site Internet du British Museum. Le tabot de l’abbaye de Westminster a été ramené au Royaume-Uni après un pillage en 1868, lors de la bataille de Magdala en Éthiopie. En 2018, l’ambassadeur d’Éthiopie au Royaume-Uni, Hailemichael Aberra Afework, avait demandé le retour de cette tablette dans son pays d’origine.
Des objets pillés bientôt rendus au Ghana
Les discussions entre l’abbaye de Westminster et l’Éthiopie s’inscrivent dans une réflexion globale en Europe sur la restitution de pièces pillées dans des pays colonisés. En novembre 2021, la France a, par exemple, rendu vingt-six trésors royaux au Bénin. Ils avaient été dérobés cent vingt-neuf ans plus tôt après leur vol dans le palais d’Abomey, capitale du royaume du Dahomey.
Outre-Manche, le British Museum et le Victoria and Albert Museum ont fait savoir, fin janvier, qu’ils rendront au Ghana des objets en or et en argent ayant appartenu à la cour royale des Ashantis. Eux aussi avaient été volés à l’époque coloniale. Parallèlement à ces annonces, le Nigeria négocie actuellement la restitution de milliers de plaques métalliques, de sculptures et d’objets datant du XVIe au XVIIIe siècle. Des objets pillés dans l’ancien royaume du Bénin et conservés dans des musées et des collections privées aux États-Unis et en Europe.