Martin Kopp, coordinateur du groupe climat de la Fédération protestante de France, nous rappelle l’engagement des Églises dans ce combat.
Je regrette qu’il ait fallu attendre la COP21, l’année dernière, pour bouger sur la question climatique. Les protestants sont, au sein du christianisme, ceux qui ont réagi le plus tôt sur le sujet. Et notamment au sein du Conseil Œcuménique des Églises (COE). Le premier grand discours sur la question environnementale et la christologie, c’est le théologien luthérien Joseph Sittler en 1961 ! Nous avions donc toutes les clés.
Réjouissance
Mais à côté de cela, il y a de quoi se réjouir car malgré tout, le travail d’individus, qui ont porté ce sujet dans les institutions pendant 20-30 ans, a fourni un terreau favorable. La COP21 en a été au bénéfice. Cette occasion a permis de faire prendre conscience aux dirigeants d’Églises que c’était une question d’éthique théologique, d’éthique chrétienne appliquée et que cela faisait partie de la mission de l’Église de s’engager sur ce terrain-là. Théologiquement, c’est légitime. Il faut donc se retrousser les manches. Le travail est à mener, comme pour la COP21, sur le plan œcuménique : pas uniquement entre nous mais avec les autres. La Fédération Protestante de France (FPF) a pris la recommandation de s’engager dans cette direction début 2015. Elle a pris une autre recommandation suite à la COP21, en janvier 2016, pour continuer à travailler la question. Il y a un groupe de travail sur la justice climatique à l’UÉPAL qui a rendu son rapport fin octobre 2016 et qui est passé fin novembre devant l’Église. L’ÉPUdF a voté le désinvestissement des énergies fossiles lors de son synode national de 2016 à Nancy. Ce n’est pas rien pour une église qui n’a jamais eu quelque chose dans ses synodes sur cette question-là. C’est un premier pas important. D’autant plus que le synode a également décidé que la question écologique serait abordée sur le plan synodal dans les années qui viennent.
Patience
Je pense qu’il faut montrer une certaine patience vis-à-vis des institutions. On ne passera pas du niveau quasi zéro à l’exemplarité environnementale climatique en 2 ans. Aucun acteur de la société civile, aucun individu, ne peuvent réaliser cela. C’est une mise en route à laquelle nous assistons. Les progrès se font petit à petit. Parfois, il faut faire un pas en arrière pour faire deux pas en avant. Ce sera pareil pour les églises. Mais si nous prenons le temps d’avancer correctement, avec méthode, et en emmenant tout le monde avec nous, alors on ira plus loin et on sera plus efficace que si nous essayons d’aller très vite. Les paroisses se montrent de plus en plus réceptives. Durant le temps de la création (courant octobre), par exemple, il y a eu beaucoup d’initiatives. Il y a un appétit certain des communautés locales sur ce sujet. Charge à nous maintenant, avec nos outils théologiques, avec nos petits fascicules œcuméniques comme Habiter autrement la création qui donne une base théologique solide et légitime, d’avancer de manière concrète. Et même chiffrée ! Il y a des Églises allemandes ou scandinaves qui l’ont fait. Elles se sont fixées comme objectif de réduire leurs émissions de 80% d’ici 2050. Est-ce qu’on est capable de joindre les actes à la parole pour mettre en œuvre ce qu’on demande aux États ou aux individus ? C’est notre défi. Mais c’est un « beau » défi pour reprendre un adjectif utilisé par le pape dans son encyclique.