Contre toute attente, le vaccin à ARNm développé pour la Covid-19 pourrait avoir un second effet bénéfique. Alors qu’il était initialement destiné à stimuler la protection contre le virus, il semble également renforcer la réponse immunitaire contre certaines tumeurs. Une découverte qui ouvre la voie à des applications potentielles dans le traitement des cancers.

Des chercheurs du centre de cancérologie MD Anderson de l’Université du Texas ont publié fin octobre dans Nature des résultats montrant que ces vaccins pourraient amplifier l’efficacité de l’immunothérapie et, dans certains cas, augmenter les chances de survie des patients atteints de cancers avancés. Une piste prometteuse qui pourrait redéfinir l’usage futur des vaccins à ARNm.

Le système immunitaire surboosté par le vaccin

Plus d’un millier de dossiers de patients suivis entre 2019 et 2023 ont été passés au crible par des chercheurs du MD Anderson Cancer Center et de l’Université de Floride. Les résultats sont étonnants : chez les malades atteints de cancer du poumon non à petites cellules avancé, la survie médiane bondit de 20,6 à 37,3 mois après vaccination.

Pour le mélanome métastatique, la survie médiane des vaccinés n’était même pas atteinte au moment de l’analyse, la moitié des patients n’était pas encore décédée, alors qu’elle se situait à 26,7 mois chez les non-vaccinés. L’effet le plus spectaculaire concerne les tumeurs “froides”, peu réactives aux traitements classiques : la survie à trois ans a été multipliée par presque cinq.

Pour le Dr Adam Grippin, radio-oncologue et co-auteur, ces observations confirment que les vaccins à ARNm contre la Covid-19 ne se contentent pas de protéger contre le virus. Associés à des inhibiteurs de points de contrôle immunitaires, ils semblent réveiller le système immunitaire pour attaquer directement les cellules cancéreuses, offrant des réponses antitumorales puissantes et des gains de survie significatifs.