Au cours de la période dite du Grand pouvoir, aux XVIIe et XVIIIe siècles, la couronne suédoise s’est particulièrement intéressée à la région de la Sápmi (souvent appelée Laponie) et aux Samis afin de contrôler le commerce à travers la calotte polaire, de taxer la population et d’exploiter les ressources en minerai. La population samie devait être soumise par la mission, l’éducation et la législation. Elle devait être convertie à la foi luthérienne et abandonner sa propre religion, fortement liée aux moyens de subsistance, à la structure familiale et à la culture.
Un seul dieu
Les pasteurs ont exigé que les Samis se marient, baptisent leurs enfants et enterrent leurs morts dans le cimetière, et non « dans les bois » comme le voulait l’ancienne coutume. À la fin du XVIIe siècle, l’Église a découvert que les Samis n’étaient pas aussi chrétiens qu’elle l’avait cru. Sous la pression du roi Charles XI, de nouveaux efforts ont été faits ; Église et Couronne ont travaillé de concert par la coercition, les menaces et les punitions.
Contribution à des études raciales
Les représentants de l’Église de Suède ont également contribué à l’émergence d’une pensée raciste et à une division du peuple sami qui persiste encore. Les pasteurs ont contribué à la réalisation d’études de biologie raciale grâce à leurs connaissances et contacts locaux. L’Église de Suède a ainsi joué un rôle majeur dans les études racistes menées dans la première moitié du XXe siècle.
En 2012, l’Église de Suède a décidé de lancer deux projets dans le but de documenter et de rendre visible le rôle de l’Église dans l’oppression des Samis ; le premier autour d’une recherche historique, le deuxième par le recueil de témoignages contemporains. Le 24 novembre, en conduisant une cérémonie de demande officielle de pardon en la cathédrale d’Uppsala, la pasteure et archevêque Antje Jackelén a marqué un tournant capital dans la reconnaissance de la culpabilité de l’Église de Suède.