Venus de Suisse surtout, mais aussi de France et de Belgique, des sociologues, juristes, historiens et des acteurs des administrations publiques se sont réunis le 7 mai dernier à l’UNIL pour tenter de définir le phénomène des pratiques qui prétendent modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. Le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) a aussi donné les premiers résultats d’une enquête commencée en septembre 2023. «Les thérapies de conversion se transforment en problème politique en Suisse, et même en problème pénal dans certains cantons», a expliqué Philippe Gonzalez, sociologue à l’Université de Lausanne et coorganisateur du colloque. «Mais il est regrettable que les débats aient précédé les enquêtes de terrain.»
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Les termes ‹thérapie de conversion› posent problème, selon Philippe Gilbert, responsable du projet au CIC. «On se réfère à des exemples américains (par exemple des centres où sont pratiquées des thérapies violentes, NDLR) ou à des programmes structurés comme celui des Torrents de vie, mouvement évangélique né aux Etats-Unis. Or, ces programmes n’existent plus. Il n’y a pas non plus d’acteurs religieux qui prétendent soumettre des patients à des thérapies de conversion.»
Le CIC a ainsi étudié de nombreuses communautés religieuses entre Vaud et Genève, chrétiennes, musulmanes, mais aussi issues des nouvelles spiritualités. «C’est l’addition de plusieurs indicateurs au sein d’une même structure qui nous pousse à investiguer», a poursuivi le sociologue. Ils peuvent être narratifs «au niveau de l’identité, la sexualité et la guérison. On a noté toute une série de termes récurrents, du style ‹identité en Christ›, ‹nature profonde›, ‹abstinence›, ‹péché›, ‹guérison intérieure› ou ‹restauration›». Les indicateurs peuvent aussi se situer «au niveau des pratiques, comme la prière, l’accompagnement et les exorcismes». L’historien français Anthony Favier a insisté sur le fait que […]