Les élections européennes qui s’avancent seront probablement les plus « dangereuses » de leur courte histoire. Si les partis populistes et europhobes sont majoritaires, une phase d’incertitude s’ouvrira, faite de blocages, de renoncements et de crises nationales ou globales à répétition…

L’Europe est certainement un enjeu difficile, que les peuples ne doivent cependant pas écarter au profit d’un repli apeuré : c’est notre capacité de vivre ensemble qui est ici interrogée.

En effet, si les peurs et l’égoïsme prennent le dessus, c’est un signal considérable qui sera donné au corps politique et social de plus de 500 millions d’habitants : celui d’affrontements à venir, celui de l’autisme assuré des gouvernements nationaux, celui du choix du repli en détriment de l’espérance. Car nous ne y trompons pas : voter la réduction de l’Europe enclenchera une spirale redoutable, que l’Histoire a maintes et maintes fois répétée : ce sera le temps des alliances contre-nature, des fausses promesses, et l’on verra les leaders dresser communautés et peuples les uns contre les autres, ne serait-ce que pour justifier leur présence au pouvoir…

Mais l’Europe peut-elle donner mieux à voir ? Oui et non. Oui, car toute institution nouvelle cherche son équilibre, sa manière de fonctionner, et interroge ses objectifs ainsi que les buts qui fondent son existence ; il faudra que l’Europe parle davantage et mieux aux citoyens, il faudra laisser à ces derniers la capacité d’agir, et non pas de subir seulement les décisions. Il faudra que les gouvernants assument les choix qu’ils imposent à l’Europe en disant : nous avons pris cette décision ou accepté ce compromis parce que cela fera avancer notre bien commun.

Et à la fois non, car l’Europe est une perspective, et non pas une certitude. Projet en construction, édifice à construire en permanence, l’Europe est une maison ouverte dont il faudra toujours vérifier l’état des portes et des fenêtres, mais aussi son électricité, sa lumière, le confort et la protection des habitants. Et surtout, elle représente notre espérance : celle d’accepter de partager un avenir, un compromis, une compréhension commune qui laissent de la place et de la considération, surtout aux plus petits et aux plus fragiles. C’est pour cela aussi que la question migratoire est centrale dans la réflexion actuelle : comment nous situons nous face à ces personnes qui ont, comme nous, le droit d’être heureuses ?

Alors armons nous de courage, transformons-nous en témoins d’espérance et en promoteurs de cette belle utopie, votons pour l’Europe !