L’instabilité se poursuit à Madagascar. Alors que la jeunesse malgache bat le pavé dans les rues des différentes villes du pays depuis bientôt trois semaines, le président Andry Rajoelina est reclus dans un lieu inconnu. C’est dans ce contexte qu’il a dissous, mardi 14 octobre, par décret, l’Assemblée nationale avant un vote le visant pour abandon de poste.

Un scrutin auquel ont tout de même décidé de participer 131 députés, sur 163 au total, malgré la dissolution. 130 d’entre eux ont voté pour sa destitution, soit plus des deux tiers requis. Le président a réagi en dénonçant une « réunion dépourvue de toute base légale ».

Des militaires prennent le pouvoir

Suite à ce vote, l’unité militaire, qui a rejoint le mouvement de contestation contre Andry Rajoelina, a annoncé prendre le pouvoir à Antananarivo : « On va prendre le pouvoir à partir d’aujourd’hui et on dissout le Sénat et la Haute Cour constitutionnelle. L’Assemblée nationale, on la laisse continuer à travailler », a indiqué le colonel Michael Randrianirina devant le palais présidentiel, dans le centre de la capitale malgache.

« On va mettre en place un comité composé d’officiers venant de l’armée, de la gendarmerie, de la police nationale. Peut-être qu’il y aura des hauts conseillers civils là-dedans. C’est ce comité qui va assurer le travail de la présidence. En même temps, après quelques jours, on va mettre en place un gouvernement civil », a de son côté assuré le colonel Randrianirina.

Face à cette prise de pouvoir, le président malgache dénonce un coup d’État : « De tels actes constituent une violation flagrante de la Constitution. Cette tentative de renversement de l’ordre constitutionnel constitue une atteinte directe à la République elle-même. La République de Madagascar ne saurait être prise en otage par la force », a affirmé dans un communiqué la présidence.

La situation est donc extrêmement instable, mais il paraît peu probable d’imaginer Andry Rajoelina parvenir à s’accrocher au pouvoir. La Haute Cour constitutionnelle exige qu’une élection présidentielle soit organisée dans les 60 jours, conformément à la Constitution.