« Ils étaient une vingtaine d’enfants il y a trente ans, ils sont six cents cette année. » C’est avec ces mots que nous accueillent Michael Laillier, directeur du centre Fitahiana d’EMA, et son épouse Noémie. Dans l’école élémentaire d’Antananarivo, deux cent quatre-vingt-dix-sept enfants sont répartis dans dix classes ; trois cents autres, collégiens, lycéens, étudiants et apprentis sont soutenus par l’ONG pour les frais de scolarité, les fournitures scolaires, les soins médicaux et les déjeuners quotidiens.
Une école, un dispensaire et une cantine
À Fitahiana, un centre de soins et un cabinet dentaire, ouverts aussi aux habitants défavorisés des quartiers environnants, permettent de surveiller la santé des élèves. Des consultations en ophtalmologie sont proposées grâce au matériel donné par l’hôpital des Quinze-Vingts de Paris.
Il est huit heures et les écoliers s’apprêtent à entrer en classe. Deux par deux, ils s’arrêtent devant nous et nous saluent. Quarante-quatre personnes travaillent à plein temps sur le site : docteur, aide-soignante, dentiste, assistante dentaire, instituteurs, personnels d’entretien et de cuisine, assistantes sociales – elles sont deux qui repèrent les familles les plus démunies.
La plupart des enfants pratiquent la mendicité. Certains ont un bébé dans les bras, qu’ils louent à la journée pour apitoyer les touristes. À Madagascar, tout le monde travaille. Les enfants aussi. Le plus souvent, les pères tirent des charrettes et les mères font la lessive des familles riches, pour des salaires de misère et pendant toute leur vie. Point de système de retraite ici.
Un accueil des plus pauvres
Les enfants arrivent au centre à six ans. Près de cinq cents demandes sont faites chaque année, cinquante dossiers sont retenus. « Notre cœur de mission est de travailler avec les plus pauvres, des familles qui ne peuvent absolument pas scolariser leur enfant, qui n’ont rien à la maison », indique Noémie Lallier. La plupart du temps, les parents sont analphabètes. Les enfants n’ont pas été stimulés. L’école est obligatoire mais les familles ne peuvent pas payer les frais d’écolage. Pas plus qu’elles ne peuvent se faire soigner.
Dans la jolie petite classe de CP, trente jeunes écoliers se lèvent : « Bonjour Madame. » L’institutrice m’assure qu’ils sont très sages. Un peu plus loin, la bibliothèque accueille des « grands » pour une aide aux devoirs. La conseillère d’orientation reçoit les notes de chacun. « Ils sont entre quarante et soixante-dix par classe à partir du collège, le professeur ne peut pas tous les aider, explique le couple directeur. Tout le monde travaille à la réussite des enfants, la plupart sortent avec un diplôme, trouvent du travail et peuvent subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille. »
Dans la cuisine, de délicieux fumets s’échappent des grosses marmites ; un jeune lycéen qui n’a pas cours est venu donner un coup de main. Dans moins d’une heure, six cents enfants goûteront le vary sosoa sous le regard bienveillant de leurs parrains dont les photos sont épinglées aux murs. Les parrainages couvrent la plus grande partie du budget de fonctionnement du centre Fitahiana, « mais c’est le soutien dans la prière qui compte le plus, l’accompagnement spirituel de l’enfant est essentiel », confient Michael et Noémie Laillier.