Trois fois chef du gouvernement italien, sénateur, eurodéputé, président du Conseil de l’Europe, ou encore patron de presse et président du Milan AC, Silvio Berlusconi s’est éteint le lundi 12 juin. Hospitalisé depuis trois jours pour des examens prévus, il a été emporté par une leucémie. Fort d’une multitude de victoires, son parcours a également été marqué par des scandales et des déclarations polémiques, dont certaines en lien avec la religion. EN 1998, alors qu’il rencontrait le pape Jean-Paul II, il s’était risqué à une drôle de comparaison. Il avait ainsi déclaré : “Sainteté, vous ressemblez beaucoup à mon Milan. Comme nous, vous êtes souvent à l’étranger, c’est-à-dire en déplacement, pour amener une idée gagnante à travers le monde. C’est l’idée de Dieu”, rappelle BFM TV.

Un Dieu que Silvio Berlusconi n’honorait pas spécialement, ou alors à sa façon. En 2009, le mariage d’intérêt entre le Cavaliere et l’Église catholique italienne volait en éclats, expliquait alors L’Express. En 1994, alors que la Démocratie chrétienne (DC) s’effondre à la suite d’une opération anticorruption, Silvio Berlusconi, alors entrepreneur à succès, se lance en politique. Pendant ce temps, le cardinal Camillo Ruini, développe une idée : l’Église doit peser sur la vie de l’Italie via des associations, des prises de paroles à la télé… Camillo Ruini s’éloigne de Romano Prodi, pourtant unique leader politique qui communie chaque dimanche, et choisit Berlusconi. “L’Église voit dans le Cavaliere davantage de garanties : sur la bioéthique, sur le statut des couples homosexuels…”, analyse le politologue Alessandro Campi.

Escort-girls, parties fines

Quant à Berlusconi, il utilise l’Église comme caution. Une fois président du Conseil, Silvio Berlusconi multiplie les faveurs envers l’Église, qu’il exonère par exemple de la taxe sur les immeubles commercialement exploités. Mais face aux scandales et à certains choix politiques, notamment en matière d’accueil des migrants, la base se soulève et appelle à une condamnation ferme des agissements du Cavaliere. Les fidèles désertent les offices, les vocations sont en déclin, etc.

Si Benoît XVI insiste sur le fait que : “Nous avons besoin de gouvernants croyants et crédibles”, c’est le silence complet pour ce qui est des agissements privés de Silvio Berlusconi. La cote de ce dernier dégringole de neuf points chez les catholiques pratiquants. En 2011, les soirées bunga bunga sont le scandale de trop. Après les escort-girls mineures rémunérées pour satisfaire les fantasmes sexuels de Silvio Berlusconi, voilà que l’Italie découvre les coucheries mêlant danse, strip-tease et jeux sexuels, lors desquels un crucifix est utilisé. Une croix dont celui qui était également surnommé l’immortel, en raison de la longévité de sa carrière, avait ardemment défendu la présence dans les écoles de la République, relatait L’Obs. Il la décrivait comme un “symbole de la civilisation, de la sacralité et de l’identité nationale”.