« On a dit que, grâce aux armements nucléaires, la paix serait maintenue à travers le monde. Mais les armes nucléaires peuvent être utilisées par des terroristes. Et, par exemple, si la Russie les utilise contre l’Ukraine, et Israël contre Gaza, cela ne s’arrêtera pas là. Les dirigeants politiques doivent en avoir conscience. » Ces mots ont été prononcés par Toshiyuki Mimaki, coresponsable de Nihon Hidankyo, après l’annonce de l’attribution du prix Nobel de la paix à son organisation, rapporte Le Monde.

Au travers elle, les survivants des bombes nucléaires larguées par les États-Unis à Hiroshima et Nagasaki, en 1945, témoignent « du fait que les armes nucléaires ne doivent plus jamais être utilisées ». Dans un communiqué, l’organisation japonaise a mis en parallèle la guerre en cours au Proche-Orient, où la situation à Gaza est « comme [celle vécue par] le Japon il y a quatre-vingts ans » .

« C’est difficile d’être optimiste »

L’attribution du prix Nobel de la paix à Nihon Hidankyo intervient alors que la Russie a, à maintes fois, menacé de recourir à l’arme nucléaire afin de dissuader l’Occident d’aider militairement l’Ukraine. En septembre dernier, le discours de Vladimir Poutine, le chef de l’État russe, a évolué. Il a, en effet, alors affirmé qu’il pourrait recourir à l’arme nucléaire en cas de « lancement massif » d’attaques aériennes contre la Russie . En 1945, au Japon, les deux premiers bombardements nucléaires de l’histoire avaient fait près de 214 000 morts. À leur suite, le Japon avait capitulé. Une décision qui avait mis un terme à la Seconde Guerre mondiale .

De manière plus générale, l’attribution du prix Nobel de la paix à Nihon Hidankyo a eu lieu dans un contexte de crise. Selon l’Uppsala Conflict Data Program, 59 conflits armés ont été recensés dans le monde en 2023, soit quasiment deux fois plus qu’en 2009 . Pour certains experts, cette situation aurait été une bonne raison de ne pas décerner de prix Nobel de la paix en 2024. Un tel choix a déjà été fait à 19 reprises. Mais le comité Nobel norvégien pense, au contraire, que la remise du prix est « peut-être plus importante que jamais ». « C’est difficile d’être optimiste quand on regarde autour de soi dans le monde aujourd’hui. Les forces de paix ne semblent pas à l’offensive. Mais (…) il y a indéniablement des personnes et des organisations qui font un excellent travail », avait expliqué Olav Njølstad, le secrétaire du comité Nobel, avant son attribution .