L’élection présidentielle du dimanche 1er juin en Pologne s’est soldée par la victoire du candidat conservateur et nationaliste Karol Nawrocki, qui l’emporte dans un scrutin très serré avec 50,89 % des voix, rapporte franceinfo. Son adversaire, le libéral et pro-européen Rafal Trzaskowski, était pourtant donné gagnant de peu par les estimations après la clôture des bureaux de vote. Ce revers constitue un véritable coup dur pour le gouvernement pro-Union européenne (UE) du pays ainsi que pour le maire de Varsovie, qui doit s’incliner pour la seconde fois au cours d’une élection présidentielle. Karol Nawrocki succède donc à Andrzej Duda, situé au même bord de l’échiquier politique que lui. Ce dernier a d’ailleurs salué le fort taux de participation enregistré, qui a atteint 71,63 %.
Les plans de Donald Tusk et du gouvernement fortement contrariés
L’arrivée au pouvoir de Karol Nawrocki risque fort de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement actuel emmené par Donald Tusk, également ancien président du Conseil européen. Le scénario qui se déroule depuis sa prise de poste en 2023 devrait donc se poursuivre avec un président aux idées opposées aux siennes et qui dispose d’un droit de veto très puissant dans le processus législatif. Le président polonais peut ainsi exercer ce droit comme il l’entend et bloquer un projet de loi, sous réserve qu’il agisse dans les 21 jours après le vote du texte, explique le journal La Croix.
Cette prérogative peut uniquement être contournée si une proportion minimum des trois cinquièmes du Parlement est réunie. Il y a donc de fortes chances que les avancées voulues par le gouvernement actuel soient entravées par le nouveau président de la République, notamment en ce qui concerne les droits des personnes LGBTQIA+ et le droit à l’avortement.
Des accrocs avec l’Union européenne
Des tensions pourraient apparaître entre l’Union européenne et la Pologne, étant donné la position de Karol Nawrocki sur de nombreux sujets, dont l’adhésion du pays voisin, l’Ukraine, à l’UE et à l’Otan, dont il n’approuve pas les plans tout en voulant limiter l’aide prodiguée aux réfugiés ukrainiens. Certains pays membres de l’UE craignent également pour l’État de droit, selon le média belge RTBF, qui relève l’appel du président allemand Frank-Walter Steinmeier pour que l’Allemagne et la Pologne continuent de « coopérer étroitement sur la base de la démocratie et de l’État de droit » dans le but « d’assurer l’avenir de l’Europe dans la sécurité, la liberté et la prospérité« .