Par Jonathan Frerichs, consultant en désarmement humanitaire auprès de la Commission des Églises pour les affaires internationales du Conseil œcuménique des Églises
Voici les points essentiels qui ressortent d’un rapport adopté la fin août à Genève au terme d’âpres négociations par un groupe de travail des Nations Unies composé de plus d’une centaine de pays. Le rapport a été adopté à une majorité de trois contre un. Les puissances nucléaires l’ont boycotté et leurs alliés ont manifesté une vive résistance.
Le rapport final du groupe de travail, adopté le 19 août, sera transmis à l’Assemblée générale de l’ONU en octobre. Il est désormais probable qu’une résolution soit présentée à l’Assemblée générale par une majorité d’États pour entamer des négociations en vue d’un traité d’interdiction des armes nucléaires. « Grâce à cette avancée, le soutien à l’interdiction des armes nucléaires pour des raisons humanitaires n’a jamais été aussi fort » a déclaré Peter Prove, directeur de la Commission des Églises pour les affaires internationales du Conseil œcuménique des Églises (COE). « Le plaidoyer d’inspiration religieuse a apporté sa contribution à cet effort et il sera absolument nécessaire pour faire peser la volonté de la majorité, l’état de droit et le bienêtre de chaque individu et de l’ensemble de la création sur les pays dotés de l’arme nucléaire, qui modernisent leurs arsenaux au lieu de les éliminer ».
Plaidoyer des Églises
Le texte final a minutieusement visé un consensus permettant une adoption sans vote. À la dernière minute, cependant, l’Australie a durci sa position, appelant à un vote. En définitive, 68 États ont adopté le rapport, 21 États se sont rangés derrière l’Australie en votant contre et 13 États se sont abstenus. Au Brésil, en Égypte, en Finlande, en Irlande, et dans les 68 pays ayant adopté le rapport, des militants œcuméniques ont encouragé leurs gouvernements à demander instamment l’interdiction des armes nucléaires. Les Églises et les organisations affiliées ont par ailleurs noué le dialogue avec des gouvernements qui s’en remettent aux armes nucléaires. L’évêque de l’Église évangélique de Bade, en Allemagne, a attiré l’attention de son gouvernement sur les « conséquences catastrophiques » causées par les armes nucléaires.
Soutien grandissant
Le soutien à la mise en place d’un nouvel instrument juridique interdisant les armes nucléaires va en réalité bien au-delà des 68 États qui ont voté « oui » parmi le groupe de travail de l’ONU. Dans la dernière semaine des travaux du groupe de travail, 108 États d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie du Sud-Est, du Pacifique et quelques-uns en Europe ont appelé à ce que les pays s’engagent à entamer les négociations sur l’interdiction en respectant des échéances précises. Cent vingt-sept pays ont déjà signé un « Engagement humanitaire » en faveur d’un nouveau traité contre les armes nucléaires qui aurait force juridique, et 159 États ont produit une déclaration commune où ils affirment que les armes nucléaires « ne doivent plus jamais être employées, quelles que soient les circonstances ».