Les candidats à la Maison-Blanche se rencontreront pour la première fois mardi 10 septembre. Un débat d’autant plus attendu que les sondages les donnent au coude-à-coude dans les États clés et qu’il pourrait être le seul avant le premier tour de l’élection présidentielle américaine programmé le 5 novembre. Selon un sondage publié dimanche par le New York Times, les électeurs américains ont déclaré ne pas être sûrs « d’en savoir assez sur les positions de Kamala Harris« . Aujourd’hui, l’exercice sera d’autant plus compliqué qu’auparavant, outre-Atlantique, des débats ont fait basculer des présidentielles. France 24 revient sur ces épisodes qui ont fait l’histoire.

John Kennedy face à Richard Nixon, le tout premier débat

Aux États-Unis, le premier tête-à-tête télévisé a opposé John F. Kennedy et Richard Nixon. C’était le 26 septembre 1960 à Chicago. Ce jour-là, Richard Nixon n’est pas à l’aise au point que le contraste entre les deux candidats à la présidence n’échappe à personne. John F. Kennedy, lui, apprivoise la caméra, n’hésitant pas à regarder l’objectif. Pour ne rien gâcher, ses réponses aux questions sont claires et concises. Face à lui, Nixon transpire et paraît insuffisamment préparé. Après la diffusion du débat, la majorité des 70 millions d’Américains l’ayant regardé ont estimé que John F. Kennedy, élu président des États-Unis quelques semaines plus tard, en était sorti vainqueur. En revanche, ceux ayant écouté le débat à la radio ont donné Richard Nixon gagnant.

La bourde impardonnable de Gerald Ford

Être le président sortant n’empêche pas les gaffes. Gerald Ford en est la preuve. En 1976, alors qu’il était interrogé sur l’influence soviétique en Europe de l’Est, il répond : « Il n’y a pas de domination soviétique en Europe de l’Est et il n’y en aura jamais sous une administration Ford. » Face à lui, Max Frankel, le journaliste du New York Times, n’en croit pas ses oreilles. En pleine Guerre froide, cette phrase occupe la Une des médias pendant plusieurs jours. Elle incite aussi probablement des électeurs à opter pour le candidat Jimmy Carter, vainqueur de l’élection.

L’humour au secours de Ronald Reagan

En 1984, Ronald Reagan a 73 ans. Un âge qui fait de lui le président américain en exercice le plus âgé de l’histoire. Questionné sur son âge et sur sa capacité à diriger le pays lors d’un second mandat, l’ex-acteur rétorque : « Je ne ferai pas de la question de l’âge un élément de cette campagne. Je n’exploiterai pas, pour des raisons politiques, la jeunesse et l’inexpérience de mon adversaire. » Le candidat démocrate Walter Mondale, 56 ans, rit jaune. Six ans plus tard, il dira dans un entretien accordé à PBS : « J’ai tout de suite compris que sa réplique allait me faire mal. Si vous regardez les images, vous voyez que je souris, mais si vous regardez de plus près, vous verrez quelques larmes sur mon visage parce que je savais qu’il venait de marquer un point décisif. » En effet, Reagan a été réélu. D’ailleurs, il détient toujours le record du président le plus âgé de l’histoire des États-Unis.

Le coup d’œil malvenu de George Bush

Quand on prétend à la présidence d’un État, mieux vaut donner l’impression aux électeurs d’être à leur écoute. En 1992, alors qu’ils sont invités à répondre aux questions du public, Bill Clinton et George Bush se comportent de manière diamétralement opposée. Sur certaines questions, le président républicain sortant peine à répondre aux citoyens et paraît même impatient d’en finir. Au point qu’il regarde sa montre plusieurs fois. Bill Clinton, lui, est à l’écoute et fait preuve d’empathie. Une différence qui a certainement participé à l’élection de ce dernier quelques semaines plus tard.

L’étrange comportement d’Al Gore

En 2000, les réseaux sociaux n’existaient pas encore. Mais les images de l’étonnante « approche » d’Al Gore n’ont pas eu besoin d’être partagées pour le desservir. En 2000, il est opposé à George W. Bush dans la course à la Maison-Blanche. Debout, ce dernier explique que « cette campagne ne porte pas sur notre philosophie, notre position sur certains sujets… ». Al Gore se lève alors et s’approche de George W. Bush comme pour le provoquer. Bush regarde Gore, le salue de la tête tout en souriant, et reprend sa phrase : « … mais sur qui est vraiment capable d’agir. » Le public rit, le vice-président sortant est gêné. Alors qu’il menait de huit points dans les sondages avant les trois débats, il est distancé de quatre points après ce troisième et dernier débat.

Un affrontement plus personnel que politique entre Hillary Clinton et Donald Trump

En 2016, le deuxième débat entre Hillary Clinton et Donald Trump a lieu deux jours après la publication d’une vidéo dans laquelle le milliardaire tient des propos dégradants sur les femmes. Le candidat à la présidence américaine commence par se défendre, multiplie les excuses, tout en lançant des accusations contre Bill Clinton. Juste avant le début du débat, il a convié des journalistes à une réunion à laquelle participaient quatre femmes, dont trois accusant l’ancien président démocrate de les avoir agressées dans les années 1970 et 1990. Donald Trump n’hésite pas à accuser Hillary Clinton d’avoir aidé son époux à les dénigrer. La candidate répond que le Donald Trump de la vidéo, « c’est tout à fait lui ». Elle enchaîne en soulignant qu’il s’en est également pris « aux immigrés, aux Afro-Américains, aux Latinos, aux handicapés ». Tendu à l’extrême, Donald Trump liste un à un les points qu’il juge compromettants pour sa rivale : courriels envoyés par Hillary Clinton depuis sa messagerie personnelle alors qu’elle était secrétaire d’État, drame de Benghazi, gaffe de la candidate sur les électeurs « pitoyables ». Très mal engagé, le débat se termine par une étonnante note apaisée. En effet, Hillary Clinton dit son respect pour les enfants de Donald Trump, et celui-ci salue sa combativité.