Le scrutin de la présidentielle russe s’ouvre ce vendredi. Quelque 112 millions d’électeurs ont jusqu’au dimanche 17 mars pour se prononcer, sachant que Vladimir Poutine est sans opposants. Au pouvoir depuis près de vingt-cinq ans, il est assuré de remporter un troisième mandat consécutif, souligne BFMTV. En effet, cette fois, aucun “opposant utile” ou candidat toléré par le Kremlin n’a été autorisé à se présenter. Un cinquième mandat tend donc les bras au chef d’État, si ces candidats fantoches n’ayant jamais remporté beaucoup de voix.
Les trois autres candidats en lice pour la présidentielle sont le nationaliste Leonid Sloutski, le communiste Nikolaï Kharitonov, et l’homme d’affaires Vladislav Davankov. Ce dernier est issu d’un faux parti, fondé par le Kremlin. Par ailleurs, tous soutiennent l’offensive russe en Ukraine et aucun n’ose critiquer la répression qui sévit dans le pays ou la corruption. Ces candidats n’ont même pas fait campagne et, selon BFMTV, dans certaines zones, le Kremlin a autorisé la médiatisation de la candidature de Leonid Sloutski, afin qu’il glane des voix. Une manière d’éviter que Vladimir Poutine réalise un score trop “soviétique”.
Pousser les Russes à voter
L’élection présidentielle n’est pas pour autant sans enjeu. Elle doit sembler crédible tout en “prouvant” que les Russes sont unis derrière Vladimir Poutine. Celui-ci verrait d’un bon œil un score de 85 % des voix en sa faveur, dimanche soir. Le taux de participation sera également scruté de près. Le Kremlin espère qu’il atteindra au moins les 70 %. Pour y parvenir, les autorités se sont investies pour pousser les Russes à se rendre aux urnes. Elles jouent sur la corde patriotique et présentent le scrutin comme une étape clé vers la “victoire” en Ukraine. Vladimir Poutine y est également allé d’un petit mot. Le Président a appelé les Russes à ne pas se “détourner du chemin” qu’il a fixé et à voter pour exprimer “une position civile et patriotique”.
L’opposition, qui a de plus en plus de mal à se faire entendre en raison du départ de nombreuses ONG, assure que les autorités n’hésiteront pas à truquer des votes, à faire pression sur des millions de fonctionnaires pour qu’ils votent “bien”. Dans les territoires occupés en Ukraine, où le scrutin est ouvert depuis février, les menaces et les intimidations sont légion. À cela s’ajoute le fait que de nouvelles techniques de vote (électronique, à domicile, sur plusieurs jours) mises en place favorisent le contrôle des votes.
Bons d’achats, voitures neuves
Vladimir Poutine, déjà assuré de rester au pouvoir jusqu’en 2030, pourra de nouveau se présenter pour le garder jusqu’en 2036. Franceinfo rappelle que, il y a quatre ans, une révision constitutionnelle a permis de réaliser jusqu’à quatre mandats présidentiels consécutifs, contre deux auparavant.
Pour ne rien gâcher, la chaîne d’information ajoute qu’il n’y a presque plus d’organismes indépendants pour observer ce qui se passe dans les bureaux de vote. Dans les grandes villes, dont Moscou, une grande tombola est organisée dans les bureaux de vote, afin d’attirer les électeurs. Elle permet de remporter des bons d’achat dans des supermarchés et même des voitures neuves. Le président sortant compte également sur des promesses faites en février dernier, lors de son discours annuel à la nation. À cette occasion, il a fait miroiter des investissements pour moderniser la Russie. Il a également mis l’accent sur l’éducation et les infrastructures, s’engageant notamment à rénover de nombreux aéroports, à faire construire des campus, des gymnases et des routes. Il n’a pas hésité à faire des annonces sur les aides sociales, à destination des anciens combattants et de leurs proches, indique franceinfo.
Des bulletins « Navalny »
Face à lui, l’opposition civile est décimée par les emprisonnements et les exils. Elle vient également de perdre son chef de file, en la personne d’Alexeï Navalny, ajoute BFMTV. Néanmoins, l’opposition veut essayer de se faire entendre au maximum. Ioulia Navalnaïa, la veuve de l’opposant, a repris l’appel à aller voter simultanément à midi pour montrer son opposition à Vladimir Poutine. Elle invite même les électeurs à écrire “Navalny” sur les bulletins de vote. Des femmes de soldats russes mobilisés en Ukraine, qui réclament leur retour, soutiennent cet appel.