Victor Ambros et Gary Ruvkun ont obtenu le prix Nobel de médecine 2024 pour leurs travaux sur les microARN, lundi 7 octobre. Ils sont « d’une importance fondamentale pour le développement et le fonctionnement des organismes », assure le comité Nobel dans un communiqué. Il précise qu’« un dérèglement de la régulation des gènes peut entraîner des maladies graves telles que le cancer, le diabète ou l’auto-immunité ». D’où l’intérêt de comprendre les effets de la régulation de l’activité des gènes.

L’an dernier déjà, l’Assemblée Nobel de l’Institut Karolinska, qui désigne le lauréat du prix de médecine sous l’égide du célèbre comité suédois, avait mis en avant des travaux concernant l’ARN. La chercheuse hongroise Katalin Kariko et son collègue américain Drew Weissman avaient reçu le prix pour les avancées dans le développement de vaccins à ARN messager. Ces derniers avaient été décisifs dans la lutte contre le Covid-19.

D’importantes innovations technologiques

Pour en savoir plus sur les microARN, franceinfo a interrogé Vincent Prévot, directeur de recherche à l’Inserm. Il indique que les microARN sont des séquences d’ARN, mais que contrairement à d’autres, elles ne sont pas traduites en protéine dans la cellule. Minuscules fragments d’ARN, ils ne se lient pas non plus aux ARN messagers pour en contrôler l’expression. « L’ADN est une sorte de livre et l’ARN est une phrase que vous devez recopier à la main, qui sera ensuite traduite en une protéine. Ces protéines sont les molécules qui vont permettre les réactions chimiques et à la cellule de produire ce qu’elle doit produire », illustre le scientifique. Prenant une autre image, il compare une cellule à une usine. « Les protéines sont les ouvriers qui vont lui permettre de produire ce qu’elle doit produire. Dans ce processus, les microARN, eux, sont là pour réguler la naissance », poursuit-il.

La découverte des microARN a déjà permis d’importantes innovations technologiques. Elle a, en effet, donné la possibilité aux chercheurs de manipuler l’expression des gènes, mais également de générer de nouvelles thérapies géniques. L’objectif de ces dernières ? Contrôler l’expression des gènes dans certaines maladies. « Ces microARN sont également de plus en plus utilisés en tant que biomarqueurs, dont la mesure dans les fluides biologiques tels que le sang constitue un indicateur de la présence ou non d’une pathologie, ou de sa gravité. Ils peuvent aussi aider à déterminer son pronostic », décrit Vincent Prévot.

Utiles pour plein de choses

Concrètement, cela peut être un atout dans le cas de l’endométriose. « Il en existe plusieurs types, et elle engendre dans certains cas une infertilité. La présence de certains microARN va permettre d’identifier la présence ou non d’endométriose, sa gravité ou le risque pour la patiente d’avoir des douleurs au cours d’une crise », reprend le spécialiste. Parce que les microARN peuvent s’avérer utiles pour plein de choses, de nombreux chercheurs essayent de voir s’ils ne peuvent pas être utilisés pour détecter différentes formes d’obésité ou de maladies métaboliques. Les microARN sont aussi très étudiés dans les maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer.