Il y a plus de 500 ans, les Hawaïens ont installé quatre rochers sur une plage d’Honolulu (Waikiki), en l’honneur des visiteurs de la cour du roi de Tahiti qui avaient guéri des malades. Il s’agissait de quatre «mahu» – terme qui désigne, dans la langue et la culture hawaïennes, un individu que l’on qualifierait aujourd’hui de non-binaire, ou gender fluid, et à qui l’on reconnaissait un rôle spirituel.

Ces pierres ont été négligées pendant de nombreuses années, les missionnaires chrétiens et autres colonisateurs occidentaux ayant supprimé le rôle des mahu dans la société hawaïenne. Une injustice que souhaite précisément réparer l’exposition «Les pierres de guérison de Kapaemahu», au Bishop Museum d’Honolulu, soit le musée d’histoire naturelle et culturelle de l’État d’Hawaï. Centrée sur ces pierres et l’histoire de ces quatre guérisseurs, l’exposition vise à mettre en lumière les racines profondes de la fluidité des genres en Polynésie.

Une dualité honorée

Hinaleimoana Wong-Kalu est mahu et l’une des conservatrices de l’exposition. Elle raconte combien ces guérisseurs étaient vénérés pour leurs compétences et espère que leur histoire montrera aux enfants d’Hawaï que la «vraie culture hawaïenne» ne porte pas de jugement sur ceux «qui ont des éléments de dualité». «Ils étaient respectés et honorés parce que les gens savaient que leur dualité homme-femme les […]