L’Ukraine a lancé il y a exactement sept jours sa première grande offensive en territoire russe. Son armée s’est emparée de 28 localités dans la région de Koursk. Selon CNN, l’ampleur de l’incursion est apparue plus clairement lundi 12 août, quand Vladimir Poutine a convoqué des responsables locaux des régions frontalières le temps d’une réunion. De hauts responsables de la sécurité, du gouvernement et des forces de l’ordre ont également participé au rendez-vous.

Chef par intérim de la région de Koursk, Aleksey Smirnov a annoncé que 28 localités de sa région étaient sous contrôle ukrainien. Il a précisé que les troupes ukrainiennes avaient avancé de 12 kilomètres à l’intérieur du territoire sur une bande frontalière de 40 kilomètres de large. De son côté, le chef militaire ukrainien, Oleksandr Syrskyi, a déclaré que près de 386 miles carrés (1 000 kilomètres carrés) du territoire russe étaient aux mains des soldats ukrainiens.

« De quoi pouvons-nous parler avec eux ? »

Pour Vladimir Poutine, l’incursion est une tentative de Kiev d’« améliorer sa position de négociation ». « Mais de quel type de négociations pouvons-nous parler avec des gens qui frappent sans discernement des civils, des infrastructures civiles, ou qui tentent de créer des menaces pour les installations nucléaires ? De quoi pouvons-nous parler avec eux ? » a-t-il questionné.

CNN précise ne pas avoir pu vérifier de manière indépendante les affirmations du chef de l’État russe selon lesquelles l’Ukraine a frappé des civils lors de son avancée. Depuis le début du conflit, la Russie a été accusée maintes fois par Kiev, ses alliés occidentaux et des organismes internationaux, dont la Cour pénale internationale et les Nations unies, d’avoir pris pour cible des civils et des infrastructures civiles ukrainiennes. Des accusations rejetées par la Russie, malgré des preuves.

Deux régions russes concernées

Vladimir Poutine a également demandé à ses chefs de la sécurité d’expulser les soldats ukrainiens. Lors de l’entrevue, Aleksey Smirnov a affirmé que 180 000 personnes avaient reçu l’ordre d’évacuer et que 121 000 étaient déjà parties. Par ailleurs, près de 11 000 habitants du district de Krasnoyaruzhsky ont été évacués, selon le chef de l’administration du district, Andrey Miskov.

Si bien que désormais l’incursion touche désormais deux régions russes. Auparavant, l’armée ukrainienne a attaqué à plusieurs reprises des cibles dans la région de Belgorod à l’aide de drones et de missiles, mais elle n’avait jamais lancé d’incursion terrestre officielle au-delà de la frontière.

De nombreux mystères

Les autorités ukrainiennes n’ont pas encore commenté les opérations en cours à Belgorod. Et CNN explique ne pas pouvoir confirmer de manière indépendante l’affirmation d’un blog russe, mais dans une vidéo géolocalisée par la chaîne de télévision américaine et postée sur les médias sociaux au cours du week-end, des soldats ukrainiens brandissent un drapeau devant un club social rural à Poroz, un village situé dans la région de Belgorod.

L’opération est entourée de mystère. Les responsables ukrainiens sont restés silencieux pendant plusieurs jours. Finalement, samedi dernier, Volodymyr Zelensky a confirmé que les troupes ukrainiennes avaient pénétré en Russie. « L’Ukraine prouve qu’elle sait vraiment comment rétablir la justice et garantit exactement le type de pression nécessaire – la pression sur l’agresseur », a commenté le président ukrainien.

Des milliers de frappes lancées depuis Koursk

Lundi, il a déclaré que « la Russie doit être contrainte à la paix si Poutine veut continuer à faire la guerre avec autant d’acharnement » avant de réaffirmer qu’il était « juste » et bénéfique de détruire les positions russes utilisées pour lancer des frappes sur le territoire ukrainien. Volodymyr Zelensky a également souligné que des milliers de frappes avaient été lancées depuis la seule région de Koursk depuis le 1er juin.

Ce qui fait dire à Kiev : « Par conséquent, nos opérations sont purement une question de sécurité pour l’Ukraine, la libération de la zone frontalière de l’armée russe ». Malgré cette incursion, l’Ukraine subit une pression accrue le long de la ligne de front de 600 miles (965,5 km), alors que Moscou poursuit sa lente offensive, s’approchant de plusieurs villes et routes d’importance stratégique dans l’est de l’Ukraine. Selon l’état-major ukrainien, la Russie espère atteindre Toretsk, une ville au nord de Donetsk, à l’extrémité sud d’une route importante qui relie Kostyantynivka, Kramatorsk et Sloviansk, trois villes ukrainiennes qui forment l’épine dorsale des défenses de l’Ukraine dans la région.