À peine conclu, déjà obsolète ? Alors que la Thaïlande et le Cambodge avaient entamé un conflit armé depuis cinq jours, un accord de cessez-le-feu « immédiat et inconditionnel » avait finalement été trouvé entre les deux pays lundi 28 juillet sous l’égide de la Malaisie, à la tête, provisoirement, de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean). Celui-ci est entré en vigueur mardi 29 juillet à minuit (lundi à 19 heures à Paris).

Ce mardi matin, pourtant, « la partie thaïlandaise a constaté que les forces cambodgiennes avaient lancé des attaques armées dans plusieurs zones du territoire thaïlandais », a indiqué le porte-parole de l’armée thaïlandaise, Winthai Suwaree, dans un communiqué, relayé par France 24. Une action qui suppose « une violation délibérée de l’accord et une tentative claire de saper la confiance mutuelle », déplore-t-il, ajoutant que « la Thaïlande est contrainte de répondre de façon appropriée en exerçant son droit à la légitime défense ».

Des accusations que conteste la partie adverse. Il n’y a eu « aucun affrontement armé […] dans quelque région que ce soit », a insisté la porte-parole du ministère de la Défense cambodgien, Maly Socheata.

Trente-huit morts et 300 000 déplacés

Les affrontements ont débutés jeudi 24 juillet entre les deux États après des semaines de tensions le long de leur frontière commune, pour laquelle les deux pays sont en conflit depuis plusieurs décennies. Celle-ci, tracée lors de l’Indochine française, remet en question l’appartenance de certains sites angkoriens à l’un ou l’autre des pays. C’est le cas notamment du temple de Preah Vihea, à l’origine déjà de violents affrontements entre Bangkok et Phnom Penh de 2008 à 2011. Celui-ci est considéré par la Cour internationale de Justice (décision de 1962) comme appartenant au territoire cambodgien, tout en étant revendiqué par la Thaïlande.

Le conflit avait, à l’époque, provoqué la mort de vingt-huit personnes et fait des dizaines de milliers de déplacés. Cette fois, les conséquences semblent plus sérieuses. Selon un dernier bilan, le conflit armé a fait trente-huit morts et 300 000 déplacés ces derniers jours. Du côté thaïlandais, vingt-cinq morts sont recensés, dont onze soldats tandis que le Cambodge pleure treize morts dont cinq au sein de ses forces armées.

Vers une poursuite des pourparlers ?

Malgré les charges portées par Bangkok à l’encontre de Phnom Penh, le dialogue devrait reprendre à la frontière entre les deux pays. Des rencontres entre des commandants militaires locaux devraient ainsi avoir lieu ce mardi, ainsi que le prévoyait l’accord de cessez-le-feu. Celui-ci table également sur la tenue, le 4 août prochain au Cambodge, d’une réunion d’un comité transfrontalier.