“Un nouveau mouvement religieux”, dépourvu de normes et de règles. Voilà, comment Andrew Chesnut, professeur d’études religieuses à l’université Virginia Commonwealth, résume ce qu’est le culte de la « Santa Muerte » (Sainte Mort). Introduite aux États-Unis par la communauté mexicaine, elle est représentée par un squelette doté d’une faux, d’un globe terrestre ou encore d’une rose. Les costumes qu’elle porte varient également, selon les pouvoirs qui lui sont attribués, précise Le Point.

Mi-août, des adeptes venus de tous les États-Unis dans le quartier du Queens, à New York, ont participé aux célébrations religieuses où les récits des “miracles” accordés par la sainte ont été nombreux. Arely Vazquez est la principale “prêtresse” de ce culte aux États-Unis. Elle décrit la « Santa Muerte » comme une foi qui “nous aide à nous extraire de situations difficiles”. La “prêtresse” a survécu à une grave opération du pancréas il y a dix-sept ans. À la suite de celle-ci, Arely Vazquez a promis à son “Émaciée” de l’honorer tous les ans, pour la remercier.

L’Église catholique évoque un culte “satanique”

La « Santa Muerte » a pris de l’ampleur dans la ville de Mexico en 2001. Vingt-deux ans plus tard, elle compte 12 millions de croyants, chiffre Andrew Chesnut, auteur du livre Dévoués à la Mort : Santa Muerte, la Sainte Squelette. “C’est le mouvement religieux à la progression la plus rapide dans le monde”, poursuit-il.

Profondément enraciné dans la culture populaire en raison du syncrétisme entre religion catholique et croyances indigènes, ce mouvement a gagné en popularité même si, auparavant, il se pratiquait dans la plus stricte intimité. Alors que l’Église catholique voit en la « Santa Muerte » un culte “satanique”, ses fidèles entretiennent avec elle une relation similaire à celle qu’ils ont avec des saints catholiques, ajoute le spécialiste.

Des offrandes

Pour sa part, Arely Vazquez “pense que si quelque chose vous fait du bien (…) cela ne peut pas être mauvais”. Désireuse de fonder la première chapelle dédiée à la Sainte Mort aux États-Unis, elle explique que chaque adepte se doit d’avoir une figurine de la “Sainte Muerte”. Il faut la prier et lui faire des offrandes telles que des fleurs, de l’alcool, du tabac ou de la nourriture.

Cressida Stone, auteure du livre Les Secrets de la Santa Muerte, se définit comme très fervente. “La prière est essentielle, bien plus que la taille ou l’opulence de l’autel”, précise-t-elle. Elle ajoute que la « Santa Muerte » peut très bien être “vindicative” et “courroucée” contre ceux qui lui manquent de respect ou ne tiennent pas leurs promesses.

Pas de discrimination

Les croyants mettent aussi en avant le contact direct qu’ils ont avec l’objet de leur dévotion et l’absence de discrimination, explique Le Point. Alejandra Flores prie “l’Émaciée” depuis 2012, année où elle a décroché un travail jusque-là refusé en raison de sa transidentité. “On peut être toxicomane, policier, transgenre, ce qu’on veut. Ici, elle nous accueille tous”, assure-t-elle. Aux États-Unis, au Mexique et en Amérique centrale où de grandes disparités entre les riches et les pauvres existent, la faux de la “Santa Muerte” rétablit l’égalité et “exerce un attrait puissant”, complète Andrew Chesnut, observateur privilégié du culte.