C’est une page d’histoire qui s’est écrite à Tokyo. Pour la première fois depuis la création du poste en 1885, le Japon va être dirigé par une femme, rapporte RFI. Sanae Takaichi, 64 ans, représentante de la préfecture de Nara et figure du conservatisme national, a été élue Première ministre par la Chambre basse du Parlement, mardi 21 octobre 2025. Son intronisation sera officialisée dans la journée après sa rencontre avec l’empereur Naruhito.

À la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), formation dominante de la vie politique japonaise depuis des décennies, elle a obtenu une majorité relative grâce à un accord conclu avec le Parti japonais de l’innovation (Ishin), une formation issue du courant réformateur de centre droit. S’il s’agit d’une première historique, le parcours de Sanae Takaichi témoigne de la ténacité d’une politicienne qui aura attendu plus de trente ans pour parvenir au sommet de l’État.

Élue pour la première fois en 1993, elle s’est progressivement imposée par sa rigueur, son intransigeance sur les questions de sécurité nationale et son attachement à la ligne conservatrice incarnée avant elle par l’ancien Premier ministre Shinzō Abe, dont elle fut longtemps proche.

Une conservatrice assumée, héritière du courant nationaliste

Peu connue du grand public en dehors de l’archipel nippon jusqu’à récemment, Sanae Takaichi a pourtant occupé à plusieurs reprises des postes clés. Elle a ainsi été ministre de la Communication, puis ministre d’État chargée de la Sécurité économique, un poste stratégique dans un pays confronté à la montée en puissance de la Chine et aux tensions persistantes avec la Corée du Nord.

La nouvelle Première ministre revendique également des positions fermes sur la défense, la souveraineté et les valeurs traditionnelles. Hostile au droit de vote des étrangers non naturalisés, elle est aussi opposée au changement de nom pour les couples mariés – obligation encore inscrite dans la loi japonaise –, et est critiquée pour sa proximité avec certains groupes ultraconservateurs.

Son image rigide cache pourtant un parcours atypique. Fille d’un commerçant de Nara, passionnée de musique, elle fut batteuse dans un groupe universitaire de heavy metal durant ses études. Une jeunesse aux antipodes de la figure politique sévère qu’elle incarne aujourd’hui. Mais c’est pourtant bien dans la droite nationaliste qu’elle a construit sa carrière, au point d’être présentée par certains médias japonais comme la « Margaret Thatcher nippone », une sorte de nouvelle « Dame de fer ».