Deux études scientifiques publiées dans la revue Nature climate change lundi 10 février estiment que l’humanité pourrait être entrée dans une période de plusieurs décennies de réchauffement supérieur à 1,5°C. Ce seuil pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels avait été fixé par l’Accord de Paris en 2015. L’année 2024 a été la première année calendaire au-dessus de ce niveau de réchauffement avec une température moyenne à la surface de la terre supérieure de 1,55°C à la moyenne de la période 1850-1900, rappelle franceinfo. « Une seule année à plus de 1,5°C ne signifie pas que nous avons échoué à atteindre les objectifs de température à long terme de l’accord de Paris, lesquels portent sur des décennies », a modéré Celeste Saulo, secrétaire générale de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). L’accord de Paris de 2015 a pour ambition de maintenir le réchauffement en dessous de 2°C et de poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C. Ces températures font référence à une moyenne climatique, généralement lissée sur vingt ans. Selon cette définition, le réchauffement actuel se situe autour de 1,3°C. Toutefois, les chercheurs ayant publié les deux études se questionnent sur le fait que le franchissement du seuil sur une année ne représente pas une « alerte précoce » sur la limite de long terme.
Les scientifiques ont combiné des données d’observation et de modélisation pour constater que, depuis le début du réchauffement climatique, une fois qu’une année a dépassé certains paliers d’augmentation des températures moyennes, celles-ci s’inscrivent sur deux décennies à ce niveau. En s’appuyant sur ce modèle, les chercheurs suggèrent que la période de vingt ans au-dessus de 1,5°C « a déjà commencé et que les effets attendus à 1,5°C de réchauffement vont commencer à émerger », rapporte Sciences et avenir. Ils soulignent que ce réchauffement va continuer « à moins que des baisses ambitieuses des émissions soient mises en œuvre ». Ainsi, si le réchauffement climatique de 1,5°C continue au-delà de 18 mois consécutifs « il est quasiment certain que le seuil de l’accord de Paris sera franchi », précise Alex Cannon, du ministère canadien de l’Environnement et du changement climatique. Les chercheurs rappellent l’importance de maintenir le réchauffement climatique et combien chaque fraction de degré compte pour limiter les risques de vague de chaleur ou la destruction de la vie marine.
Les contributions climatiques de nombreux pays n’ont pas été publiées
Les pays signataires de l’accord de Paris avaient jusqu’au lundi 10 février pour publier leurs « contributions nationales déterminées », des documents qui détaillent le façon dont chaque pays veut participer aux efforts climatiques mondiaux. Seuls huit pays, le Brésil, le Canada, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis (avant l’arrivée de Trump), la Suisse, les Émirats arabes unis, l’Uruguay et le Royaume-Uni, ont publié leurs contributions climat à temps. Un nouveau délai a donc été fixé par l’ONU pour le mois de septembre 2025, soit deux mois avant la COP30 de Belem au Brésil, indiquent Les Échos. Pour Michel Colombier, directeur scientifique et co-fondateur de l’Iddri (institut du développement durable et des relations internationales), ces « contributions sont devenues un objet assez technique et elles ont tendance à perdre leur caractère d’objectif politique commun, comme l’entendait l’accord de Paris ».
Dix ans après cet accord, la dynamique politique qui doit préparer la future COP de Belem semble être ralentie. La Chine, l’Inde et l’Union européenne n’ont pas publié leurs contributions. « La Chine parlera quand elle aura obtenu des garanties. Elle attend d’abord de voir comment les États-Unis vont finalement se positionner », explique Michel Colombier. Du côté de l’Union européenne, les mauvais signaux se multiplient : le Pacte Vert est critiqué par la droite et l’extrême droite et les pays ne parviennent pas à s’entendre sur une cible de baisses d’émissions de CO2 pour 2040. Selon les experts du centre de recherche de la Commission européenne, l’UE devrait réduire ses émissions de 67% d’ici à 2035 par rapport à 2022 pour respecter l’accord de Paris sur le réchauffement climatique.