Dans un rapport publié mardi 17 décembre, le groupe indépendant de scientifiques et de spécialistes de la communication sur le climat, Climate Central, alerte sur la diminution du nombre de jours enregistrant des températures négatives en hiver. L’étude menée dans 123 pays entre 2014 et 2023 concerne les mois de décembre à février. Elle a montré que plus d’un tiers des États ont connu au moins une semaine supplémentaire durant laquelle le thermomètre était positif, en raison du réchauffement climatique, souligne L’Express. Le rapport rappelle que l’Europe est le continent le plus impacté puisqu’il est celui où « le réchauffement est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale depuis les années 1980 ».
Ainsi, le Danemark, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont compté trois semaines supplémentaires de températures supérieures à zéro degré durant la période étudiée, à cause du réchauffement climatique. Selon ce rapport, durant l’hiver 2023/2024, le Danemark a compté 71 jours de températures positives, dont 21 imputables au dérèglement du climat. En Lituanie, les trois mois les plus froids de l’année ont compté 32 jours au-dessus de zéro degré, contre neuf jours en temps normal.
Un impact sur les écosystèmes tout le reste de l’année
Au total, 19 pays européens ont perdu deux semaines de températures négatives pendant l’hiver. La France a enregistré 70 jours au-dessus de zéro degré sur les trois mois d’hiver, dont 21 jours directement liés au réchauffement climatique. Entre 2014 et 2023, en moyenne, 44% des villes analysées pour l’étude ont perdu au moins sept jours d’hiver par an. L’étude alerte sur le fait que les températures négatives permettent de reconstituer le manteau neigeux, nécessaire à l’approvisionnement en eau douce. De plus, le rapport souligne que « le froid hivernal joue aussi un rôle essentiel dans les cycles de vie des plantes, des animaux et des insectes, influençant les écosystèmes tout au long du reste de l’année ».
En moyenne annuelle, la France a perdu dix jours de gel, rapporte Reporterre et cela a un impact direct sur l’agriculture. L’abricot du Bergeron, cultivé en Drôme provençale, a été affecté par un hiver trop doux. Pour l’agroclimatologue Serge Zaka, l’agriculture va devoir se transformer. Il prend ainsi l’exemple de la pomme Golden qui a besoin de « 1000 heures de froid pour fleurir », il anticipe qu’elle devra « se décaler vers le nord-est de la France, [car] 45% de sa surface ne sera plus cultivable en 2050 à cause du manque de froid ». Enfin, Climate Central souligne que la disparition des températures négatives va entraîner la propagation des parasites porteurs de maladies comme les moustiques et les tiques. « Le froid est le plus puissant des insecticides », affirme Serge Zaka. Ces dernières données confirment les prévisions de Météo France pour l’hiver 2024/2025 avec l’absence de grands froids, des températures supérieures aux moyennes de saison et un faible enneigement. L’hiver 2023-2024 était déjà le troisième le plus chaud jamais enregistré en France, rappelle Reporterre.