Les attaques terroristes perpétrées par le Hamas en Israël, le 7 octobre dernier, accroissent encore la pression dont sont victimes les “refuzniks”. Ce nom désigne les jeunes Israéliens pacifistes. Au nom de leurs convictions, ceux-ci refusent d’effectuer le service militaire pourtant obligatoire, explique franceinfo. Sa durée est de trente-deux mois pour les hommes et de vingt-quatre mois pour les femmes, mais les jeunes Arabes israéliens et les religieux sont exemptés de service militaire. Ceux qui ne se plient pas à la règle en affichant et ne trichent pas en invoquant des problèmes de santé sont souvent condamnés par la justice militaire.
Tal Mitnick, 18 ans, a été incarcéré. Son emprisonnement a fait grand bruit sur les réseaux sociaux, rapporte franceinfo. Le jeune Israélien s’est fait filmer juste avant d’être jugé et condamné à trente jours de détention. “Je pense que le massacre ne peut rien contre le massacre. L’attaque criminelle contre Gaza ne résoudra pas les tueries atroces du Hamas”, précise-t-il devant l’objectif. Libéré fin janvier, il a été condamné à trente autres jours de prison.
“Menaces de mort”
En Israël, les objecteurs de conscience évitent le plus souvent d’exprimer leurs convictions en public. C’est encore plus le cas depuis la guerre contre le Hamas à Gaza. “Au lycée, j’ai eu beaucoup de remarques. On m’a qualifié de traître, d’antisémite, de nazi, de soutien du Hamas…” commente Iddo. Le jeune homme affirme avoir fait l’objet de “mises en garde” et de “menaces de mort”, via Internet. Sa famille a connu le même sort. “D’un côté, il y a les attaques terroristes, que nous n’avons pas digérées. De l’autre, des milliers de personnes sont tuées ou chassées de chez elles à Gaza. C’est trop !” explique-t-il. Et d’ajouter : “Le fait de tuer nous permet-il vraiment de mieux faire notre deuil ?”
“Traitée de ‘serpent du Hamas’”, raconte Rayy, 19 ans, reste malgré tout “fière” d’avoir refusé de faire le service militaire. La militante de gauche assure qu’elle n’aurait jamais pu se résoudre à servir deux ans dans l’armée. Invoquant une “question de santé mentale”, elle reconnaît cependant que son choix lui a fait perdre quelques amis. Mais les objecteurs de conscience rencontrent parfois également des difficultés au sein de leur famille. “Cela cause des disputes sans arrêt. Ils ont tous fait l’armée, et je suis la première à déroger à la règle”, confirme la jeune femme.
Une minorité
Minoritaires en Israël, les objecteurs de conscience sollicitent régulièrement l’aide de Mesarvot. L’association se décrit comme “un réseau de désobéissance civile” et propose une aide juridique, des informations sur la prison, etc. Yeheli, 23 ans, coordonne le réseau. Depuis les attaques du 7 octobre, il constate que, d’un côté, les jeunes questionnent de plus en plus le bien-fondé des opérations militaires. Mais de l’autre, “les voix opposées à la guerre ont énormément de mal à se faire entendre, on a dû trouver un nouveau vocabulaire politique”.